Jeune fille, tu dors ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°6

26 mai 2016
Pour vous faire découvrir un peu plus les Chefs-d'œuvre de Budapest exposés au Musée du Luxembourg du 9 mars au 10 juillet 2016, explorons les petites histoires de ces grandes œuvres...

Peintre romain (?), Premier quart du XVIIe siècle, Jeune fille endormie, Vers 1610-1620, Budapest, musée des Beaux-Arts

Jeune fille, tu dors ? - Histoire des Chefs-d'œuvre de Budapest n°6



Cette peinture constitue une énigme pour l’histoire de l’art. Certes, elle s’inscrit sans conteste dans le sillage de Caravage à Rome, mais son attribution est loin de faire l’unanimité. Domenico Fetti ? Claude Vignon ? Le sujet même de l’oeuvre intrigue : est-on devant une simple scène de genre ou devant Marie Madeleine assoupie sous le poids de son repentir ? Le tableau a-t-il été conçu ainsi dès l’origine ? Est-ce l’élément d’une composition plus large dépecée ou abandonnée en cours de réalisation ? Toutes les hypothèses ont été envisagées, mais le chef-d’œuvre résiste encore à l’analyse.



Ce joyau de la peinture italienne du XVIIe siècle a de tout temps suscité un vif intérêt, sans doute à cause de l’atmosphère intime et poétique du tableau, et de sa qualité exceptionnelle, mais aussi en raison des questions demeurées sans réponse quant à son auteur et à son sujet. La toile a été découpée, mais il semble peu probable que la composition de cette scène de genre à personnage unique, genre créé par Caravage dans les années 1590, ait pu contenir d’autres éléments. Au regard de la tradition iconographique, les associations avec les représentations de la Mélancolie où de Marie Madeleine, qui, torturée par le remords, se serait endormie, ne sont pas dénuées de fondement. Le charme qui se dégage de cette jeune fille assoupie, son abandon, sont exprimés avec une telle tendresse et un tel lyrisme qu’il pourrait également s’agir du portrait, non conventionnel, d’une jeune fille proche de l’artiste.



Le modelé de la figure pleine de charme de la jeune fille est renforcé par le fond sombre et neutre. Les accessoires – perles, plume, fleurs de jasmin, rubans – qui ornent ses cheveux châtains, coiffés en arrière, composent une somptueuse nature morte. Les manches blanches, agitées de plis, de la chemise et le mouchoir en dentelle, traités par larges touches parallèles, semblent prendre vie grâce aux alternances savamment dosées d’ombre et de lumière. Le glissement de la nappe de brocart brun rouge tissé d’or, légèrement froissée, accentue l’atmosphère intimiste du tableau. Les chercheurs ont tour à tour tenté de rattacher cette toile à l’œuvre de Domenico Fetti, Sigismondo Coccapani, Bernardo Strozzi, Claude Vignon, Artemisia Gentileschi et Theodoor van Loon, mais aucune de ces attributions ne s’est avérée totalement convaincante.






 












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