La Haute-Couture chez Gaultier, l’ouverture du champ des possibles

24 juin 2015
En 1997, Jean Paul Gaultier réalise son rêve de jeunesse évanoui en entrant dans le cercle très prisé de la Haute-Couture...

Alix Malka Sans titre 2008 Publié dans Numéro, juillet 2008 Body en latex et écailles dorées, seins obus en coquillages ; jupe longue moulante en paillettes alpaca à queue de sirène en latex Collection « Les Sirènes », modèle La Mariée, Haute couture printemps / été 2008 © Alix Malka



Sa première collection baptisée « Ambiance salon de haute-couture » recrée, avec une interprétation volontairement premier degré, l’atmosphère intime et surannée des défilés d’antan. C’est une véritable consécration pour le couturier dont le processus créatif et l’imagination fusent à une vitesse telle que les mains de l’atelier s’en trouvent bien souvent prises de court. Excellent tailleur, son extrême maîtrise de la coupe et sa virtuosité technique lui confèrent en effet cette capacité de créer à même le corps, sur le moment et sans fabriquer de toile au préalable.

 

Plumassiers, brodeurs, teinturiers, dentelliers et fourreurs œuvrent pour réaliser ses désirs les plus rocambolesques. Loin du système oppressant du « fast-fashion » et de son souci de rentabilité, Jean Paul Gaultier renoue avec l’intemporalité et se révèle magicien en surprenant le regard et en sublimant le corps. Fidèle à sa ligne de conduite basée sur le respect de l’artisanat et la maîtrise des savoir-faire, il se fait à travers la Haute-Couture le père d’un classicisme nouveau et explore les modèles et les formes. « Je préserve ma liberté. Je ne mets pas de bâtons dans les roues » confie-t-il. Très vite, les critiques se font dithyrambiques.

 

Insatiable, il n’a de cesse de se réinventer et revisite avec un sens inouï de l’audace les thèmes phares de son répertoire à l’image de la Parisienne, du punk, de la lingerie ou des voyages. Dans un parfait équilibre entre la matière, la couleur et le tombé, les robes se parent successivement de perles et de tubes brodés à effet « peau de léopard », de plumes de poulette, d’incrustation de galuchat ou encore de croco. Versatile, elle se décline en robe-tutu aux innombrables couches de tulles plissées et au large nœud romantique, s’affiche en corset 3D grâce à son incroyable jeu de rubans et de lacets ou se fait plus excentrique en chapeau-robe fait de dentelle et de crin. 

 

« J'aime toujours autant affûter mon regard, rechercher l'inédit, l'étrangeté, le mélange,puiser mon inspiration là où on croit qu'il ne se passe rien. J'aime brouiller les pistes, gommer les genres, exprimer la sensualité des corps, leur part de vulnérabilité aussi. J'aime tricher avec le vêtement. »

 



Pauline Weber

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