La Sortie d‘Usine Lumière par les cinéastes contemporains

13 mai 2015
Six remakes de La Sortie d’usine réalisés par de grands cinéastes contemporains sont présentés en exclusivité mondiale à l'exposition Lumière ! Le cinéma inventé.

Film Lumière n°91-Sortie d’usine, I - 1895

Le 9 mars 1895, Louis Lumière tourne 50 secondes de film : on y voit le personnel sortir d’un hangar qui, cent ans plus tard, deviendra la salle de cinéma de l’Institut Lumière.



En 2013, à l'occasion des 30 ans de l'Institut Lumière et dans le cadre du Festival Lumière, l’Institut a initié un moment exceptionnel pour commémorer l'invention du cinéma. Sous le Hangar de l’Institut Lumière, décor du premier film de l’histoire du cinéma, naissent de nouvelles Sorties d’usine.



Cette année-là, Quentin Tarantino, Michael Cimino et Jerry Schatzberg rejouent la sortie des ouvriers des usines Lumière rue du Premier Film. L’année suivante, ce sont Pedro Almodovar, Paolo Sorrentino et Xavier Dolan qui se succèdent à la mise en scène en rejouant le « par ici la sortie », chacun dans son style.



Le grand d’Espagne avait visiblement réfléchi à son plan, puisque c’est d’un grand cahier qu’il a tiré son brief pour l’assistance réunie dans la grande salle de L’Institut. Almodovar avait non pas un, mais deux films à nous faire faire. Le premier en mode optimiste : « Vous allez sortir d’un pas assuré, fiers et beaux ; et puis face à la caméra par rang de cinq vous marquerez la pose en pensant à vos enfants, petits enfants ou petits neveux qui dans cinquante découvriront le film, tandis que Thierry Frémaux sera toujours là pour faire vivre l’Institut ». Éclat de rire général.

« Dans le second film, vous sortirez tous au contraire tête basse, l’air déprimé, comme dans Metropolis. De vraies condamnés qui ne pourraient même pas penser à leurs enfants, puisque n’ayant plus rien à manger ils seraient tous morts… » Là, l’éclat de rire s’est fait légèrement nerveux chez certains. En quatre prises, disons cinq, c’était dans la boîte.


Film Lumière n°91-Sortie d’usine, I - 1895





À la suite, Paolo Sorrentino allait opter pour une violation caractérisée du scénario original : le réalisateur de La grande Bellezza nous demandait non pas de sortir du hangar, mais d’en rentrer, en tournant le dos à la caméra. « Après quoi, quatre actrices emblématiques, Marisa Paredes, Rossy de Palma, Berenice Bejo et Isabella Rossellini en sortiraient, coiffées de chapeaux à voilette. Et Pedro derrière, afin de clore le plan. Xavier Dolan ? En dépit de son manque de sommeil, le prodige québécois a eu une magnifique fulgurance : « Vous allez tous sortir en vous filmant avec votre Smartphone, pour que plus tard ils se souviennent que nous vivions dans l’ère de l’égo et des réseaux, sans besoin de voir ni de parler à personne ». Une prise unique et aucune répétition. Elle était bonne.



Citations : Carlos Gomez

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