L'art va vous régaler ! [ Le repas ]

18 août 2014
Pendant le mois d’août, le Grand Palais explore la relation entre art et nourriture. Têtes composées d’Arcimboldo, traditionnelle nature morte, immortalisation de scènes du quotidien, questionnements plus profonds liés à l’alimentation… Cet été, l’art va vous régaler !

Comme disait Guy de Maupassant « Il n'y a que les imbéciles qui ne soient pas gourmands. On est gourmand comme on est artiste, comme on est instruit, comme on est poète ». Bien avant le XVIIe siècle où la peinture flamande donne ses lettres de nobles au genre de la nature morte, la relation art / nourriture était déjà bien présente. Depuis l’Antiquité, le repas est un moment du quotidien que les artistes s’attachent à immortaliser. Qu’il soit funéraire, religieux ou simplement journalier le repas mène à une rencontre privilégiée entre le quotidien et la peinture.

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Coupe à figures rouges : scène de banquet attribuée au peintre d'Euaion © RMN-Grand Palais / Hervé Lewandowski

Quel que soit l’époque, les représentations des scènes de repas ont en commun la convivialité et le partage. La vie de tous les jours est une source d’inspiration inépuisable pour les artistes. Dans l’Antiquité, les dessins de banquets abondent sur les vases grecs à figures rouges et noires (ci-contre Coupe à figures rouges attribuée au peintre d'Euaion). Chaque siècle donne une signification au repas. Chaque artiste tente d’exprimer cette scène de vie à la fois quotidienne et extraordinaire. La table revêt un sens symbolique selon l’espace et le temps qui l’accompagne. Elle se fait autel dans les temples, reçoit la nourriture des dieux, accompagne les défunts vers l’au-delà… Le lien entre religion et nourriture est lui aussi très fort. La Cène de Léonard de Vinci, qui représente le Christ prenant son dernier repas est d'ailleurs gravé à jamais dans l'imaginaire collectif. 



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Le repas d'Esther et d'Assuérus par Jean-François de Troy © RMN-Grand Palais / Jean-Gilles Berizzi

Le repas est aussi un spectacle. Au XVIe siècle, les tables sont disposées de manière à accueillir danseurs et musiciens. Ces festins sont très organisés avec pas moins de six services et des domestiques préposés à la découpe de la viande ou au service de la boisson. Les repas de noces sont l’exemple parfait de ces moments festifs et conviviaux. Nous avons tous en tête les Noces de Cana de Véronèse mais de nombreuses autres toiles illustrent parfaitement ce sujet (ci-contre, Le repas d'Esther et d'Assuérus par Jean-François de Troy). Bien souvent, ces toiles proposent une réactualisation de scènes bibliques dans des décors contemporains. Elles offrent un instantané des fêtes de l'époque et invitent le spectateur à table.


Le déjeuner par François Boucher © RMN-Grand Palais / Daniel Arnaudet

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Au XVIIIe siècle, l’usage d’une pièce réservée aux repas se répand et la table de la salle à manger devient un meuble à part entière. À cette époque, on « déjeune » le matin, on « dîne » à la mi-journée et on « soupe » le soir. Bien que les grands festins existent toujours et sont très présents à la cour, le repas se fait aussi plus intime. Les familles se retrouvent dans cette nouvelle pièce pour partager un moment ensemble. L’invention de la salle à manger offre un nouveau décor aux artistes. Dans Le déjeuner de François Boucher (voir ci-contre), le spectateur assiste à une scène quotidienne et familière. On remarque aussi la vaisselle qui évoque la vie de tous les jours de cette famille bourgeoise. Le chocolat et le café, récemment importés des colonies, rencontrent un vif succès auprès de la haute société.

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Le déjeuner sur l'herbe par Claude Monet © Musée d'Orsay, Dist. RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt

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Un siècle plus tard, cette scène du quotidien a toujours autant de succès auprès des peintres. Il suffit d’évoquer un des tableaux les plus emblématique de cette époque, Le déjeuner sur l’herbe. Qu'il s'agisse du tableau de Claude Monet (ci-contre) ou de celui d'Edouard Manet, on voit que la représentation du repas est toujours aussi présente. Ce tableau au destin tragique (il finira découpé en trois fragments) qui montre aux premiers abords une scène prise sur le vif, en plein air, en accord avec le crédo des impressionnistes, cache en réalité une composition très méticuleuse. Echo au travail de Manet à la fois comme hommage et défi, cette œuvre a vu le jour après plusieurs études. Monet ne parviendra jamais à achever Le déjeuner dans lequel il fondait tant d'espoir.  

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L'art d'être à table traverse et rencontre des époques, des artistes et des formes très différentes mais il reste un thèmé privilégié et prisé par les artistes.



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