Le paysage vu par Vallotton

30 septembre 2013
Hormis durant quatre années d'interruption, Vallotton a toujours pratiqué la peinture de paysage, recomposant à sa manière une nature étudiée sur le motif.

Félic Vallotton, Clair de lune © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay) / Hervé Lewandowski



Lorsqu'il peint cette marine nocturne en 1894, Vallotton a officiellement rejoint depuis deux ans le groupe des Nabis, qu'il fréquentait depuis sa rencontre avec les peintres Maurice Denis, Ker-Xavier Roussel, Paul Sérusier et Édouard Vuillard en 1883. C'est sans doute ce dernier, avec lequel il entretient une profonde et durable amitié, qui l'a convaincu de rejoindre ces « prophètes » d'un art nouveau, dont les préceptes artistiques sont proches des siens. Avec ses aplats de couleurs sombres en camaïeu, ses lignes sinueuses en forme d'arabesque et son caractère décoratif, « Clair de lune »  appartient pleinement à l'esthétique nabi. La poésie et la rêverie qui s'en dégagent le rattachent également au courant symboliste, friand de visions nocturnes et mystérieuses.



Vallotton reprendra souvent par la suite ce type de paysages, vues de couchers de soleil et de bords de mer: la découverte de l'océan en 1890 fut en effet pour ce natif des Alpes un choc émotionnel et esthétique profond. Les sous-bois et les reliefs montagneux – bien qu'il prétende, en 1921, ne pas aimer la lumière de la montagne - forment également des motifs de choix jusqu'en 1905, qui marque une interruption dans sa production de paysages.



Production qu'il reprend en 1909, à l'occasion d'un séjour à Honfleur. Sur la Côte de Grâce, un bouquet de pins parasols lui inspire « Derniers rayons », composition japonisante parfaitement maîtrisée, au graphisme élancé, et dont le mouvement évoque étrangement celui du couple de « La Haine ». Mais l'atmosphère générale, baignée par la lumière du soir, y est ici beaucoup plus paisible.

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