Les salons

31 octobre 2013
Natif d’Argenteuil-sur-Seine, Braque déménage au Havre à huit ans. Après le lycée, il suit les cours de l’école des Beaux-Arts de la ville mais tient en horreur la peinture officielle.

Devenu apprenti peintre décorateur, son père l’envoie parfaire sa formation à Paris. Admiratif de Toulouse-Lautrec, le jeune Braque décide alors de se lancer dans la carrière artistique plutôt que l’artisanat. Il suit l’enseignement de l’Académie Humbert (aux côtés de Marie Laurencin  et Francis Picabia), visite les musées parisiens, puis s’installe dans un atelier à Montmartre.

 
Georges Braque, Grand Nu, hiver 1907- juin 1908, Paris, Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, dation Alex Maguy-Glass, 2002. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist.Rmn-Grand Palais / Philippe Migeat © Adagp, Paris 2013



Premier choc au Salon d’Automne de 1904 devant les toiles de Cézanne. L’année suivante, il y découvre les  « Fauves ». En 1906, il présente à son tour, pour la première fois, au XXIIe Salon des Indépendants, sept peintures influencées par le fauvisme, qu’il détruira plus tard. Sur les traces de Cézanne, Braque va se confronter aux lumières du midi, à l’Estaque, dont il rapporte six paysages, exposés au Salon des Indépendants de 1907. Il y rencontre Matisse, Derain, Vlaminck… Cette même année, le Salon d’Automne consacre une rétrospective à Cézanne, mort à Aix le 23 octobre 1906. La peinture fauve triomphe. Braque expose une œuvre. Puis quatre, en 1908, au Salon des Indépendants. Au Salon d’Automne, en revanche, on refuse ses dernières toiles. Matisse et Rouault sont dans le jury.

 

Ces œuvres refusées feront l’objet d’une exposition personnelle à la galerie Kahnweiler, rue Vignon. Apollinaire préface le catalogue de l’exposition. Matisse parle de « petits cubes ». C’est la première manifestation publique du cubisme, remarqué, notamment, par les Stein. Un courant dont, plus tard, Mondrian dira l’influence sur son propre travail. Kahnweiler, le plus grand marchand de tableaux de son temps, évoquera quant à lui  « une époque admirable d’exaltation juvénile, de mépris des ennemis. » Ajoutant : «  A partir de cette époque, aucun des peintres que je représentais n’exposait plus dans des salons publics. Nous voulions éviter les rires de la foule dont nous ne voyions pas l’utilité. »

 

En 1912, Braque est représenté à la deuxième exposition du Blaue Reiter à Munich, ainsi qu’à celle du Sonderbund à Cologne, premier rassemblement au monde des avant-gardes. En 1913, ses toiles figurent dans la sélection de l’Armory Show à New York, qui circulera à Chicago puis Boston. La manifestation fera date : « l’événement national le plus important depuis la signature de la déclaration d’indépendance », dira-t-on. 200 000 visiteurs se pressent pour découvrir plus de 1100 œuvres. La modernité européenne fait sensation auprès du public américain. Braque y côtoie Duchamp, dont le Nu descendant un escalier fait scandale.

 

En 1944, le Salon d’Automne de la Libération consacre Picasso (soixante-quatorze peintures). Seules deux toiles de Braque ont été retenues. D’illustres marchands d’art et galeristes auront défendu son œuvre, avec passion : Kahnweiler, bien sûr, mais aussi Rosenberg, Maeght. A sa mort, Malraux lui rend un hommage dithyrambique: « Et puisque tous les Français savent qu’il y a une part de l’honneur de la France qui s’appelle Victor Hugo, il est bon de leur dire qu’il y a une part de l’honneur de la France qui s’appelle Braque… » Une reconnaissance éternelle, nonobstant les premiers refus des salons, qui furent aussi, et avant tout, une véritable pépinière, ce formidable laboratoire de l'art moderne.

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