Œuvre commentée de Velázquez : Balthasar sur son poney
5 mai 2015
Après les bodegones, petite balade dans l'œuvre de Velázquez à travers le Portrait de l'infant Balthasar Carlos sur son poney.
Baltasar Carlos : un jeune prince
Il s’agit du plus célèbre des cinq portraits équestres exécutés vers 1634 afin d’orner le Salón de Reinos (salon des Royaumes) du Buen Retiro. L’œuvre était placée au-dessus de la porte du mur ouest du salon, entre les portraits des parents de l’infant, Isabel de Bourbon et Philippe IV. Centre politique et cérémoniel, cette pièce devait refléter à travers son programme iconographique la puissance des Habsbourg, depuis Hercule, leur ancêtre légendaire, jusqu’à Baltasar Carlos, l’ultime héritier. Le jeune prince était né quelques années plus tôt, en 1629. Sa mort prématurée, survenue à Saragosse en 1646, et celle de sa mère, quelques années plus tôt, entraîneront une grave crise dynastique.
Un chef militaire
Âgé de six ans environ, l’infant chevauche fièrement son poney bai. De sa main gauche, il tient souplement les rênes de sa monture, tandis que de la droite il brandit le bâton de commandement, emblème du prestige du chef militaire. L’écharpe de soie rose de capitaine général enserre sa poitrine. Il porte une épée au côté, un feutre noir et des gants de chamois. Il est vêtu d’un riche surcot noir surmonté d’un col de dentelle blanche, et d’un pourpoint aux manches bouffantes. Ses bottes de cavalier couvrent partiellement ses hauts-de-chausse verts brodés d’or. L’écharpe rose flotte dans les airs, mais aucun de ses cheveux ne bouge. La blancheur de son visage, présage de son destin tragique selon certains chercheurs, est rehaussée par le rose de l’écharpe. Malgré son jeune âge, il est représenté en commandant en chef des armées. Il est l’avenir de la dynastie et paraît prêt à assumer les fonctions qui en découlent.
Au galop
Richement harnaché, le poney est représenté au galop, allure inhabituelle dans les portraits équestres. Crinière et queue flottant dans les airs, prenant appui sur ses membres postérieurs, il semble bondir hors de la toile. Le ventre de l’animal paraît exagérément rebondi. Comme le soulignent les spécialistes, le fait que le portrait devait être accroché très haut explique le raccourci disproportionné du corps du cheval. Ce détail n’aura pas échappé à Goya (1746-1828) lorsqu’il gravera l’œuvre un siècle plus tard.
Montagne
Fier et résolu, Baltasar Carlos chevauche les terres des environs du Pardo, dont il est l’héritier. Il s’agit de l’un des plus beaux paysages de l’artiste. Lors du séjour qu’il avait effectué en Italie quelques années plus tôt, Velázquez avait pu méditer ce genre alors à son apogée. Le paysage semble saisi sur le vif, l’exécution est spontanée. Derrière le jeune prince s’étendent à gauche la chaîne de l’Hoyo, à droite les cimes de la Maliciosa et de la Cabeza de Hierro. Les plaines verdâtres succèdent aux montagnes, le bleu cobalt au gris puis au vert.
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