Peinture, le portrait

8 juin 2010

L’homme au gant, Vecellio Tiziano (dit Titien) © Photo RMN - Thierry Le Mage



XIVe - XVe siècle : la naissance du portrait

En peinture, la représentation de personnes identifiables apparaît tardivement. Au XIVe siècle, les peintres italiens, comme Giotto di Bondone, commencent à individualiser leurs personnages. Progressivement, les commanditaires des œuvres religieuses apparaissent dans les compositions. Mais ce n’est qu’au début du XVe siècle que le portrait s'érige en genre autonome. Il se développe principalement à Florence et en Flandres. En Italie, les personnalités sont le plus souvent peintes en buste. Le fond évolue rapidement : d’abord neutre ou décoratif, dans la tradition gothique, il représente ensuite un intérieur ou encore un paysage. De leur côté, les primitifs flamands peignent leurs sujets avec un grand réalisme. A la suite de Jan Van Eyck, ils les placent dans leur cadre domestique.

XVIe siècle : le développement du portrait de cour

Au XVIe siècle, Venise impose un style international au portrait, grâce à Giorgione et à Titien, qui peint aussi bien François Ier que Charles Quint. Car cet art se transforme, à cette époque, essentiellement en art de cour. De grands peintres le pratiquent, sans toutefois s’y consacrer exclusivement. D’autres en font leur spécialité, jusqu’à devenir parfois « peintre du roi ». Au XVIIe siècle, Petrus Paulus Rubens et surtout Antoon Van Dyck, en Angleterre, rénovent les formules du portrait du prince. Ils lui apportent une vivacité parfois absente des tableaux d’apparat. La pose se diversifie. L’ensemble de la composition concourt à mettre en valeur les qualités du monarque. En Angleterre, l’engouement pour le portrait se renforce au point que les riches marchands n’hésitent plus à en commander. La mode s’étend dans toute l’Europe, y compris en France, où cette pratique n’est pourtant pas classée par l’Académie parmi les genres nobles (que sont la peinture d’histoire, la peinture mythologique ou les allégories).

XVIIIe siècle : l’âge d’or

Au XVIIIe siècle, le portrait connaît un âge d’or. Si les grands continuent à commander leur portrait, l’intimité, la sensibilité gagnent leurs lettres de noblesse. Les représentations de la famille et de l’enfance se multiplient. La représentation des gens de théâtre devient aussi un thème de prédilection. Une approche plus psychologique des individus voit également le jour. Aux côtés de la peinture, la mode du portrait au pastel connaît un essor sans précédent, sous l’influence de Quentin de La Tour. Celui-ci ne traite souvent que la tête du modèle qui, quelle que soit sa condition sociale, est toujours représentée de façon expressive et fouillée.

XIXe siècle : le déclin

Au début du XIXe siècle, tous les grands peintres font des portraits, quels que soient leur style ou leurs thèmes favoris. Le portrait à l'huile connaît un succès jamais atteint et les formats s’agrandissent. Mais la révolution picturale que voit naître la fin de ce siècle modifie également l’intérêt et la nature même du genre. Si les artistes continuent à réaliser des portraits, l’objectif s’est déplacé. Le genre devient un prétexte, un moyen comme un autre de déterminer l’attitude du peintre vis-à-vis du monde réel, de la société et de l'art. C’est que la photographie permet dorénavant d’enregistrer une image fidèle du sujet et bouleverse profondément l’art de la figuration.

 

 

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