Picasso, un jeune peintre en Avignon
Dans le contexte d’un art contemporain marqué par le formalisme (celui d’une abstraction radicale) et par l’héritage de Duchamp (celui de la réflexion analytique sur la nature même de l’art), les Mousquetaires, les ébats amoureux peints par Picasso dans les dernières années de sa vie, sont condamnés par les acteurs de la scène contemporaine. Douglas Cooper, historien de l’art et collectionneur, qui qualifie ces tableaux de « gribouillages incohérents exécutés par un vieillard frénétique dans l’antichambre de la mort », exprime un sentiment largement partagé à l’époque.
Rare parmi les artistes visitant l’exposition de 1973 au palais des Papes à Avignon, David Hockney prend la mesure de la maîtrise, de la virtuosité picturale mises en oeuvre dans ces tableaux. Au crépuscule de sa vie, Picasso s’identifie aux figures baroques des mousquetaires, fait sienne la morale de leur temps, celle de Shakespeare, de Gracián et de Cervantès, qui veut encore confondre ses rêves de grandeur et de vie héroïque avec un réel converti au pragmatisme et au matérialisme.