Qui est Greco ?
Doménikos Theotokópoulos, dit Greco, est incontestablement l’un des talents les plus originaux de l’histoire de l’art. Dernier grand maître de la Renaissance, premier peintre du siècle d’or espagnol, sa trajectoire est unique.
Sa peinture si singulière a suscité de nombreuses théories, souvent farfelues. On a fait de lui un fou, tantôt hérétique, tantôt mystique. Certains même, pour justifier les audaces de sa palette, l’ont imaginé astigmate ! La vérité est moins romanesque... encore que ! De Crète à Venise, de Venise à Rome et de Rome à Tolède, son itinéraire hors du commun et son obstination à défendre sa vision de l’art l’ont élevé, à la force du pinceau, parmi les grands maîtres de la Renaissance, avant de faire de lui, bien plus tard, le prophète de la modernité.
1541
C’est probablement cette année-là que Greco naît en Crète, un protectorat vénitien. Il se forme dans la tradition byzantine des peintres d’icônes, qui repose sur la fidélité à des prototypes anciens et établis.
1563
Il devient maître, ce qui signifie qu’il a terminé sa formation de peintre et dirige un atelier.
1567
Greco ne veut pas rester un peintre d’icônes et part en Italie, où les artistes ont acquis un nouveau statut avec la Renaissance. Arrivé à Venise, il doit cependant faire face à la réalité du marché de l’art qui laisse peu de place à un jeune étranger fraichement débarqué et sans appui. Il y apprend le langage de la couleur, qui façonnera son œuvre.
1570
La concurrence qui règne entre peintres à la cité des Doges empêche Greco de trouver sa place et le pousse à tenter sa chance à Rome.
1572
Greco est mis à la porte du Palais Farnese où il était hébergé. En effet, il aurait critiqué le Jugement dernier de Michel-Ange sur le plafond de la chapelle Sixtine en prétendant pouvoir faire mieux. Tout comme Venise, Rome reste fermée à Greco…
1577
Il va en Espagne et se déplace entre Madrid et Tolède en quête de mécènes. Luis de Castilla, que Greco a rencontré à Rome, l’assure de son soutien auprès de son père Diego de Castilla, doyen des chanoines de la cathédrale de Tolède. Ce dernier signe deux contrats avec le Greco : un pour Le Partage de la Tunique du Christ pour la cathédrale, l’autre pour huit toiles et quelques sculptures pour l’église du couvent de Santo Domingo el Antiguo.
1578
Jorge Manuel, fils du Greco et de Jerónima de las Cuevas, naît. Le couple ne se mariera jamais.
1579
Un conflit de trois ans sur le montant à payer pour Le Partage de la Tunique du Christ (El Expolio) débute. Par ailleurs, Greco a fini par attirer l’attention de Philippe II qui lui commande un Martyre de saint Maurice pour l’église de l’Escurial. Accusée de manquer de piété, l’œuvre ne sera cependant jamais installée à l’endroit prévu à l’Escorial.
1586
Andres Núñez de Madrid, curé de l’église Santo Tomé, commande L’Enterrement du comte d’Orgaz.
Avec la Contre-Réforme catholique, la demande pour des tableaux religieux s’accroît et Greco reçoit des commandes de peintures d’autels, de sculptures, de tabernacles et de retables, sans parvenir pour autant à rentabiliser l’entretien de son atelier. Il dépense par ailleurs beaucoup d’énergie en procès contre des mauvais payeurs, souvent l’Eglise, qui négocient à la baisse le prix de ses œuvres une fois livrées, comme c’est le cas lors de la livraison du retable pour l’Hospital de la Caridad, sous-évalué à cause de la présence de figures de l’époque portant des fraises jugées trop extravagantes et détournant le spectateur du contexte religieux de la peinture.
1614
Greco meurt à Tolède à l’âge de soixante-treize ans, et son fils, qui l’assiste depuis une dizaine d’années, hérite des commandes non achevées pour la chapelle Oballe et l’Hospital Tavera.