Une oeuvre inattendue !

21 juin 2012

durer
Albrecht Dürer, Chauve-souris, 1522 Besançon, Musée des beaux-arts et d’archéologie © Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie / Photo Pierre Guenat

Le billet du commissaire par Emmanuelle Héran

L’une de mes surprises a été de me rendre compte qu’à la suite de Dürer, qui a inventé la représentation de l’animal seul, le « Tierstück », de nombreux artistes ont imité ses œuvres. A cette époque, la notion d’authenticité n’était pas aussi codifiée qu’aujourd’hui. Les animaux de Dürer ont eu un succès extraordinaire et l’artiste lui-même ne pouvait pas en fournir aux collectionneurs. Les puissants achetaient ces dessins qui, dès lors, n’étaient plus accessibles.

Pour satisfaire la demande des amateurs, un certain Hans Hoffmann, qui avait eu accès à des dessins de Dürer chez un collectionneur, s’est mis à les copier, en imitant même sa signature, le fameux monogramme « AD » ! Ceci bien après la mort de Dürer ! Il m’a semblé important de montrer ce genre de dessins au public. En fait, ce ne sont pas toujours des copies, comme le Rollier, mais aussi des interprétations de toute beauté. J’ai aussi conservé dans l’exposition une Chauve-souris du musée de Besançon, autrefois attribuée à Dürer – certains spécialistes pensent encore qu’elle est de sa main.

C’est un dessin très virtuose, d’après un animal souvent mal aimé, diabolisé, mais qui a fasciné certains artistes. Il voisinera avec une chauve-souris peinte par Van Gogh – une vraie surprise ! - et la chauve-souris sculptée par César. Quant aux spécialistes, ils pourront se pencher sur ce dessin…

Ce phénomène du « Tierstück » est très intéressant. Dans la pratique, une véritable mode a été lancée par Dürer vers 1500, qui a été suivie par d’autres artistes. Dürer a été émerveillé par la beauté animale et ses contemporains et successeurs ont été émerveillés par ses représentations, ses transcriptions de cette beauté.

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