Picasso érotique

Galerie nationale du Jeu de Paume

Du 20 février 2001 Au 20 mai 2001
Autres à Paris
Description


Exposition réalisée par la Réunion des musées nationaux et le musée Picasso, Paris, en coproduction avec la Galerie nationale du Jeu de Paume, le musée des Beaux-Arts de Montréal où elle sera présentée du 14 juin au 16 septembre 2001 et le musée Picasso de Barcelone où elle sera présentée du 25 octobre 2001 au 25 janvier 2002.

L’exposition à Paris bénéficie du soutien de Pierre Bergé, Yves Saint Laurent et du centre de documentation Yves Saint Laurent.

En un sens, l’œuvre de Picasso est tout entière érotique : la création y procède toujours, en effet, de la pulsion sexuelle. Des premiers dessins à huit ans, trahissant un intérêt précoce pour la femme, jusqu’aux tout derniers, quelques jours avant sa mort, visions disloquées et pathétiques d’un sexe féminin, la carrière du plus grand peintre du XXe siècle s’est déroulée sous le soleil d’Eros -et à l’ombre de Thanatos.

Il existe cependant, au cœur de l’immense production de l’artiste, un ensemble d’œuvres plus spécifiquement ou directement érotiques : essentiellement des dessins et des croquis de carnets, tous gardés dans le secret des tiroirs ou des collections privées, mais aussi des peintures et des sculptures.

C’est cet aspect que l’exposition se propose, avec discrétion, de dévoiler.

Il y a, au tournant du siècle, les nombreux feuillets, dessins et aquarelles exécutés dans les bordels de Barcelone que le jeune Picasso fréquente assidûment, où se mêlent le désir, la fascination mais aussi la bouffonnerie, le grotesque… et la terreur d’une syphilis omniprésente. Cette enquête dans les bas-fonds aboutira à la grande composition des Demoiselles d’Avignon (que Picasso voulut d’abord intituler le Bordel philosophique).

Il y a plus tard les amours passionnées et tumultueuses de l’âge mûr, où le Minotaure, incarnation de la force virile et de la fécondité, s’unit tantôt à Dora « l’Adorable », la déesse furieuse, tantôt à Marie-Thérèse, divinité de la Lune et du Soleil. Ces accouplements quasi mythiques, à mesure que se précisent les menaces d’un conflit mondial, prennent l’aspect d’une guerre des sexes impitoyable, dont la cruauté alimentera l’imagerie des Surréalistes.

Il y a enfin, lié à l’impuissance du grand âge, le voyeurisme exorbité des dernières années, qui va s’exprimer dans les chefs-d’œuvre gravés de Suites 347 et de Raphaël et la Fornarina.

Tout l’œuvre plastique de Picasso (pour ne rien dire d’une œuvre littéraire qui va du Désir attrapé par la queue aux poèmes licencieux) s’inscrit sous le signe d’un érotisme spécifique à l’Espagne, mélange de sensualité et de tendresse, de scatologie et de gloutonnerie, qui trouve en littérature ses modèles aussi bien dans la tragi-comédie de La Célestine, mise à l’index par le Saint-Office, que dans les récits d’aujourd’hui de Ramon Gomez de la Serna (Senos) ou de Juan Manuel de Prada (Coños)…

A travers toutes ces œuvres, l’exposition analyse l’articulation constante du regard et du désir chez Picasso, ainsi que les relations voyeurisme/exhibitionnisme, artiste/modèle figurées par des images ludiques ou des formes ithyphalliques ; elle montre aussi l’évolution qui conduit des représentations sculpturales sexuées du surréalisme à la momification progressive des corps dans les derniers nus féminins et l’ultime Autoportrait.

Parmi les œuvres présentes dans l’exposition, on citera L’Etreinte, la série de gravures de Raphaël et la Fornarina, la sculpture Métamorphose II de 1928, les séries Degas chez les filles et La maison Tellier. Un certain nombre de documents viennent enrichir cette présentation (correspondances, poèmes automatiques, photographies…), ainsi que le manuscrit original de la pièce de théâtre écrite par le peintre, Le Désir attrapé par la queue.

Le catalogue regroupe des essais de Jean Clair, Malen Gual, Jean-Jacques Lebel, Annie Le Brun, Marilyn MacCully, Maria Teresa Ocaña, Pascal Quignard, Patrick Roegiers, Robert Rosenblum…

Galerie nationale du Jeu de Paume