Le Bamako de Keïta, entre héritage post-colonialiste et appel de la modernité
7 juillet 2016
Au delà de leurs valeurs esthétiques indéniables, les photographies de Seydou Keïta témoignent des changements profonds d’une société malienne à l’aube de l’indépendance. Inventeur de nouveaux codes à travers le port d’accessoires et la pose de trois quarts, le photographe malien affranchit ses modèles de la représentation ethnographique de l’homme africain.
Réunis pour la première fois dans un parcours riche de 300 tirages, ces clichés pris entre 1948 et 1962 se font le reflet d’une Afrique de l’Ouest en marche vers la modernité et désireuse de s’émanciper de l’influence des colons. Si la tradition demeure à certains égards comme en atteste ce cliché de Keïta représentant deux co-épouses vêtues de boubous, une autre histoire s’esquisse, témoignant de la réalité plurielle du Mali de l’époque. Proclamée en 1960, l’indépendance laisse en effet flotter un sentiment de renouveau que la jeunesse malienne incarne au rythme du rock et de la salsa.
Se faisant les symboles d’une Afrique insouciante et joyeuse, les hommes posent habillés à l’Occidental tandis que les femmes chevauchent un deux-roues, s’appuient sur un poste de radio ou s’adossent contre une Jaguar flambant neuve. Exprimant tour à tour leur satisfaction d’être beaux et modernes, ils sont les dignes représentants d’une nouvelle liberté esthétique. « La photographie de Seydou Keïta marque la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation pour ouvrir l’ère d’une photographie africaine qui, tout en puisant dans ses racines et dans son histoire, affirme sa modernité » résume si justement, Yves Aupetitallot commissaire d’exposition. En 1962, Keïta devient le photographe officiel de l’État malien créé deux ans plus tôt.
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