Dans les années 1880, Paris s’illumine ! L’électricité, symbole de progrès, est l'innovation de ce siècle. Le Grand Palais, vitrine de la modernité, édifié à l’aide des techniques modernes comme la grue électrique, est pourtant conçu pour être éclairé par la lumière naturelle...

C’est la peur des départs d’incendies comme le drame du Bazar de la Charité qui motive ce projet : fenêtres monumentales, pavés de verre, verrières horizontales et verticales, le Grand Palais est construit de façon à maximiser la lumière naturelle. Et ce particulièrement dans les parties destinées à accueillir le public. Les multiples ouvertures et espaces volumineux dont la Nef est la plus emblématique permettent ainsi à la lumière du jour d’entrer et se disperser dans le bâtiment, bien que ce dernier s’électrifie progressivement au cours du siècle.

Les travaux de restauration actuels visent à rétablir les diverses transparences originelles et permettre aux visiteurs de redécouvrir les vastes espaces baignés de lumière naturelle dans l’intégralité du monument ! Un travail important de mise en lumière apportée, à l’extérieur et à l’intérieur du bâtiment, viendra compléter et sublimer l’éclairage.

Au fil des mois, le Grand Palais retrouve peu à peu la clarté de ses espaces et de ses déambulations.

La restauration du verre

Dans cette vidéo, Alain Gorges, chef de projet, retrace l’histoire des pavés de verre qui jonchent le Grand Palais et particulièrement le Palais d’Antin. Avec Juliette Vignier-Dupin, restauratrice de céramique et verre, et Olivier Juteau, maître verrier, ils reviennent avec enthousiasme sur les étapes de la restauration et fabrication des dalles de verre reproduites à l'identique de 1900.

Les sources de lumière

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Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

Symbole du Grand Palais, la Nef aux dimensions hors-normes est une ouverture sur l’immensité du ciel, tout en transparence et légèreté. Orientée vers l’Est, on peut y suivre la course quotidienne du soleil, qui se reflète dans ce gigantesque espace...

À l’origine, la verrière était composée de verres striés, choisis pour éviter que la poussière ne s’y dépose. Mais la verrière est encrassée par la pollution au charbon dès 1905 et perd de sa transparence. Au début des années 2000, les verres sont remplacés : cette fois, ils sont lisses et « auto-nettoyants », assurant une vue sur la voute céleste par tous les temps.

Aujourd’hui, de nouvelles améliorations sont apportées comme des systèmes de vantelles au niveau du campanile pour permettre de rafraîchir l’espace. Un travail de mise en lumière sublimera le lieu.

Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

De chaque côté du balcon d’Honneur de la Nef sont placées des verrières d’angle verticales. Ses vitraux ornementés de décors, plus opaques, sont cachés par des blocs de parpaings depuis près de 70 ans ! Ces verrières, enfin dévoilées, font l’objet d’une restauration complète.

Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

S’inspirant de l’architecture des serres, le Grand Palais compte de nombreuses verrières situées sur les toits. Ces verrières penchées étaient elles aussi obstruées depuis des années - à l’exception de la galerie courbe sud, régulièrement utilisée pour les défilés de mode.

Points d’entrée de la lumière zénithale, ces toits de verres sont actuellement restaurés. Lorsqu'ils habillent les espaces pouvant bénéficier de lumière naturelle, comme les lieux de réceptions ou de médiation, ils joueront pleinement leur rôle de transparence ! Certains de ces toits sont même prolongés pour retrouver leur dimension initiale.

Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

L'architecture classique du Palais d'Antin contraste avec le reste du bâtiment, mais elle n'en reste pas moins dominée par la lumière : la coupole de la rotonde et ses circulations périphériques en sont originellement baignées.

La restauration des pavés de verre au sol, des verrières d’angles en toitures et des nefs situées dans les ailes du Palais leur rendront honneur. L’installation d’un éclairage électrique étudié pour accompagner ces sources de lumières naturelles sublimeront l'ambiance généreuse et accueillante de ces espaces de circulation.

Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

Pour les besoins de muséographie, de nombreuses arrivées de lumière du Palais d'Antin ont dû être obstruées, notamment les nefs latérales. En cours de restauration, ces verrières sont progressivement révélées et promettent le retour à des espaces clairs et rayonnants.

Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

Dans le Grand Palais, la lumière pénètre également par plusieurs grandes portes ornementées en fer forgé et une série de fenêtres monumentales. Nombre de ces fenêtres ont été calfeutrées ou morcelées dans la hauteur par la création d'entresols, tantôt pour en faire des espaces de bureaux, tantôt pour privilégier la scénographie d’expositions.

Actuellement déposées, restaurées et repeintes de vert en atelier, parfois même équipées d’un système d’ouverture moderne, ces fenêtres sont destinées à reprendre leur place et dimension d'origine.

Le chantier du Grand Palais
Le Grand Palais, l’exposition décennale de l’automobile, Paris 1907 © DR, Caroline Dubail-Letailleur, Paris 2023
Le Grand Palais, l’exposition décennale de l’automobile, Paris 1907 © DR, Caroline Dubail-Letailleur, Paris 2023

Dès le début du XXe siècle, des éclairages électriques temporaires sont installés pour les événements à l’extérieur comme à l’intérieur du Grand Palais. Le monument est le premier à bénéficier d’un service de pompiers dédié exclusivement au lieu, afin de parer au moindre départ d’incendie.

Cette photo d’archive de l’exposition décennale de l’automobile de 1907 offre une vue spectaculaire de l’intérieur de la Nef toute illuminée : chaque exposant dispose de son nom de marque en lettres lumineuses, encadrées par des ampoules.

Le Grand Palais, l’exposition décennale de l’automobile, Paris 1907 © DR, Caroline Dubail-Letailleur, Paris 2023
Nef – centrale, vue de l’escalier d’honneur© Chatillon architectes pour la Rmn – Grand Palais 2023
Nef – centrale, vue de l’escalier d’honneur © Chatillon architectes pour la Rmn – Grand Palais 2023

Dans une démarche de valorisation attentive à la diversité des espaces ainsi qu'à la richesse des volumes et des détails, un projet d’éclairage artificiel se dessine à l’intérieur comme à l’extérieur de l’édifice. L’ambition est de révéler les splendeurs de l’architecture par des gestes de lumière simples et discrets et de palier l’impossibilité, dans certains cas, de faire bénéficier la lumière naturelle. Ce travail de mise en lumière s'élabore avec l’objectif essentiel de limiter la consommation énergétique, ainsi que les déperditions et les pollutions lumineuses.

Nef – centrale, vue de l’escalier d’honneur© Chatillon architectes pour la Rmn – Grand Palais 2023

Chronique d'un chantier

Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la  Rmn-Grand Palais, Paris 2023
Le chantier du Grand Palais © Patrick Tourneboeuf chez Tendance Floue pour la Rmn-Grand Palais, Paris 2023

Par Maylis de Kerangal

Aujourd’hui, le Grand Palais renoue avec la lumière. 

Le projet de rénovation, issu d’une sorte d’archéologie intime du bâtiment, l’envisage enfin dans toutes ses dimensions, tel un porte-parole de l’évolution de la société française de 1900 à aujourd’hui. Il s’agit de revenir à la grande idée d’Henri Deglane : faire entrer la lumière ! 

Ouvrir, aérer, décloisonner, rétablir le mouvement, éclairer. 

 

En témoin privilégié, Maylis de Kerangal se rend sur le chantier depuis maintenant 2 ans pour en suivre le mouvement et en rapporter le récit. Sa toute dernière chronique porte précisément sur le thème de la lumière.

Un extrait de cette chronique est lu avant chaque parution sur notre site par Maylis de Kerangal sur les ondes de France Culture, dans la séquence « Affaires en cours » au sein de l’émission « Affaires culturelles » d’Arnaud Laporte.

Lire la chronique (numéro 6)