Depardon, le charme discret de la photographie
Minimalisme pour flagrant délit contemplatif. Un décor pour le moins dépouillé, trop, médiront certains. Pourtant, c’est bien dans le dénuement, l’absence d’artifice, que l’on peut juger, en vérité, d’une image. Comme une femme au matin, sans maquillage. « Un photographe japonais, Shoji Ueda, disait toujours : c’est le fond de la photo qui est le plus important, avant les personnages, avant que les personnages soient devant, au premier plan, ou peu importe. L’important, c’est le décor ».
Le fond plutôt que la forme, en somme, une intention qui traverse tout l’œuvre de ce chasseur d’images, nourri au cinéma de Robert Bresson ou de John Huston. Avec eux, il partage une certaine économie de moyens, indissociable d’une sincère humilité face à son médium, loin de l’instant décisif cher à Cartier Bresson : « Je crois incroyablement à la nécessité de faire non pas un scoop mais une photo. Je crois à l’image. ». Et de renchérir : « Le monde n’est pas fait de beautés exceptionnelles ni de points de vues pittoresques. Il est tout simplement des lumières sur des entrées de villes, des campagnes sans histoire. »