En peinture, Kupka donne le rythme !

8 juin 2018
Découvrez comment Kupka fait vibrer et rayonner ses toiles grâce aux formes géométriques !

Kupka, ayant désormais basculé dans l'art non-figuratif suite au Salon d'automne de 1912, pense alors ses toiles en terme d’accord, d’harmonie et d’équilibre. Musique et couleurs, son et lumière, se répondent. Ses toiles sont rythmées en gammes colorées et musicales. Elles vibrent de l’énergie, du mouvement, de la fluidité de la vie.  Le cercle est l’un des motifs récurrents de cette dynamique et Kupka s’engage vers une abstraction à la fois formelle et spirituelle.

La guerre de 1914- 1918, pour laquelle il s’est porté volontaire dès les premiers combats, l’éloigne un temps de son atelier et de ses réflexions plastiques. Il reprendra, après-guerre, les expérimentations et travaux laissés en cours. Il choisit alors de secouer la production artistique contemporaine.

 

Zoom sur l'oeuvre La Foire (Contredanse), 1921-1922

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Prague, Museum Kampa © Musée Kampa, Prague, Photo: Oto Palán 

Cette très grande œuvre de format panoramique présente une succession de plans courbes se pressant les uns contre les autres. Délimités entre eux par des contrastes colorés, ils créent un rythme qui fait vibrer la surface de la toile. Quelques couleurs seulement suffisent au peintre pour faire naître cette agitation. Rouge, bleu, jaune, vert ainsi que du noir et du blanc sont posés en aplats géométriques. Losanges, rectangles et carrés sont juxtaposés en longues bandes de tons vifs qui épousent la hauteur de la toile et s’organisent de part et d’autre du cœur clair et médian de la composition. Le mouvement fractionné confronte les forces qui se font face. 

Cet immense tableau nommé aussi Contredanse indique comment la danse, à la fois source d’inspiration et objet d’observation du mouvement, déploie le jeu des corps dans l’espace. La décomposition du mouvement et son fractionnement sont déjà représentés par des artistes contemporains de Kupka. Cet engouement émerge avec la chronophotographie vers 1880. Ces travaux sur la décomposition du mouvement par la multiplication successive des images photographiques ont été inventés par Étienne-Jules Marey (médecin et inventeur, 1830-1904) et Eadweard Muybridge (1830-1904). Pour Kupka, le danseur inscrit ses gestes dans l’espace comme le peintre les lignes sur la toile. Fragmentée sous l’effet du nombre et de l’agitation, la figure humaine va maintenant se dissoudre. Les silhouettes des danseurs ont disparu mais demeurent le rythme saccadé et la torsion de leurs corps.

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