Klucis et l'art du photomontage

6 juin 2019
Le photomontage est sans nul doute l’une des techniques artistiques ayant le plus contribué à la redéfinition de la culture visuelle en Russie soviétique : découvrez pourquoi !


Klucis, millions de travailleus
Gustave Klucis, Millions de travailleurs! Rejoignez la compétition socialiste!, Esquisse pour une affiche, 1927, Collection du musée national des Beaux-Arts de Lettonie

Au début des années 1920, certains artistes de l’avant-garde proclament la mort de la peinture de chevalet. Ils veulent un art nouveau, fondé sur des techniques modernes comme la photographie ou le cinéma et capable de s’adresser aux peuples de la jeune République des Soviets. Parmi eux, Gustav Klucis, un jeune Letton qui a participé à la prise du Palais d’Hiver en 1917 et appartenu à la garde rapprochée de Lénine.

Dès 1919, ses œuvres, qui associent photos et formes géométriques, formalisent peu à peu l’art du photomontage, rapidement propulsé parmi les innovations les plus emblématiques de la nouvelle culture prolétarienne. Parallèlement au travail d’Alexandre Rodtchenko, Klucis, épaulé par sa compagne, l’artiste Valentina Kulagina, manifeste un intérêt précoce pour les thématiques politiques.

À partir de 1924, profondément marqué par la mort de Lénine, il apporte une contribution essentielle au culte du leader révolutionnaire, représenté en guide faisant corps avec les masses.

Ses photomontages visent à appréhender le mouvement du socialisme en construction, à exalter la joie des ouvriers au labeur, à magnifier les réalisations du régime. Et leurs expérimentations formelles – superpositions, compositions hiérarchisées, jeux sur les axes et la symétrie, usage du rouge, etc. – s’adaptent parfaitement aux missions de l’agit-prop, aux messages simples véhiculées par les affiches.

 

Klucis, Dressez le drapeau de Marx, Engels, Lenin et Staline
Gustav Klucis, Dressez le drapeau de Marx, Engels, Lenine et Staline, Collection du musée national des Beaux-Arts de Lettonie

Au cours des années 1930, Klucis poursuit son activité frénétique de propagande, mais dans ses œuvres l’enthousiasme prolétarien est progressivement remplacé par le sourire placide et inquiétant de Staline. Au printemps 1937, alors que la Grande Terreur s’abat sur la population soviétique, il a le privilège de faire partie des artistes chargés de l’installation du pavillon de l’URSS à l’Exposition internationale de Paris. Klucis semble à l’apogée de sa carrière, mais, peu après son retour, accusé d’appartenir à une organisation de terroristes contre-révolutionnaires lettons, il est arrêté, puis fusillé le 11 février 1938.

 

Découvrez toutes ces oeuvres dans l'exposition Rouge au Grand Palais jusqu'au 1 er juillet 2019 ! 

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