Le Mexique, "miroir magnétique du surréalisme"
L’attrait exotique du Mexique et les perspectives artistiques qu’offre le pays n’échappent pas à Antonin Artaud et André Breton lors de leur séjour à Mexico quelques années auparavant. Ils y trouvent un lieu propice à la poursuite de l’oeuvre surréaliste. En 1940, l’Exposition internationale du surréalisme est organisée à la galerie d’Art mexicain : des oeuvres des surréalistes européens côtoient des pièces préhispaniques et des oeuvres d’artistes mexicains de l’époque, composant, selon certains spécialistes, un ensemble trop hétérogène pour être cohérent. Ce mélange de valeurs esthétiques constitue cependant une source d’inspiration pour les artistes, qui n’hésitent pas à hybrider les concepts originaux et à y incorporer des éléments d’art précolombien et de cultures d’autres latitudes. Hybridation qui les fait converger vers le langage surréaliste, mais réinterprété selon leur propre culture mexicaine.
Focus sur Alice Rahon
Dans son enfance, Alice Rahon (Chenecey-Buillon (France), 1904 – Mexico, 1987) apprend la peinture avec son père, lui-même peintre académique. Bien qu’elle ait commencé sa carrière comme poétesse aux côtés des surréalistes à Paris, elle se consacre essentiellement à la peinture lorsqu’elle se rend à Mexico en 1939 à l’invitation de Frida Kahlo et de Diego Rivera. Elle se joint au groupe des artistes exilés au Mexique, dans lequel évoluent Remedios Varo et Leonora Carrington. Son travail, différent de celui des autres artistes de l’époque, se caractérise par l’usage de diverses techniques comme la peinture et l’art objet, le collage et le dessin, ainsi que l’emploi d’un mélange de sables.
Ses créations, d’un réalisme parfois cru, traduisent la vision onirique et mystique de la nature et de la culture mexicaine. Le plus souvent abstraites, elles comportent cependant toujours quelque chose de concret. Alice Rahon illustre surtout la nature et les animaux, ainsi que des rêves ou encore des villes et des fêtes imaginaires. Elle réalise aussi des portraits métaphoriques de ses amis, tels que Homme traversé par une rivière, en hommage à André Breton, L’Homme oiseau et La Ballade de Frida Kahlo. (ci-dessus)