L'enluminure gothique : les très riches heures du Duc de Berry

20 juillet 2020
Dans le cadre de l'été apprenant, nous vous emmenons chaque semaine à la découverte d'une oeuvre d'art et de sa période, grâce au site Panorama de l'art : aujourd'hui découvrez l'enluminure gothique avec les Très riches heures du Duc de Berry !

Au Moyen Âge, les tableaux de chevalet sont encore rares. La peinture orne surtout les livres et les murs, et s’ouvre à des innovations comme le paysage, le portrait ou la perspective.

 

Les très riches heures du Duc de Berry
© RMN – Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda

Zoom aujourd'hui sur Les Très Riches Heures du duc de Berry, chef-d’œuvre des frères de Limbourg. L’ouvrage comporte soixante-six peintures en pleine page, qui forment de véritables tableaux sur parchemin, et soixante-cinq petites illustrant le texte. Certaines de ces images montrent des scènes très vivantes qui représentent la vie quotidienne des paysans et des seigneurs, sur fond de célèbres édifices comme le château du Louvre.

Ce livre d'heures a été réalisé par les frères Paul, Jean et Hermann de Limbourg. Nés à Nimègue, aux Pays-Bas, ils sont venus en France à l’initiative de leur oncle Jean Malouel, peintre en titre de Philippe le Hardi, le duc de Bourgogne et frère de Jean de Berry. Ils font partie de ces nombreux peintres néerlandais et italiens qui exercent leur art en France, dans le milieu de la cour, autour de 1400 ; l’intérêt de ces artistes pour le portrait, pour une observation réaliste de la nature et pour le rendu d’un espace en trois dimensions est caractéristique du style gothique international.

C’est le duc de Berry qui commande aux frères de Limbourg ces enluminures. Fils du roi Jean II le Bon, frère du roi Charles V, de Louis d’Anjou et de Philippe le Hardi, le duc de Berry est l’un des hommes les plus puissants du royaume. Il joue encore un rôle de premier plan sous le règne de son neveu Charles VI, atteint de folie en 1392. Collectionneur insatiable, il voue une véritable passion aux manuscrits enluminés ; il ne possède pas moins de vingt livres d’heures, plus par amour des beaux livres que par piété ! Pour le distinguer des autres, le manuscrit des Très Riches Heures figure sous ce titre dans l’inventaire réalisé après le décès du duc en 1416. Il s’explique aisément par le luxe de l’ouvrage, écrit sur parchemin et alliant l’éclat et la préciosité des couleurs à un dessin précis et élégant. Il reflète le goût audacieux et novateur du duc de Berry, qui contribue à conduire l’art de l’enluminure vers la perfection. 

Qu'est ce qu'un livre d'heures ? 

Un livre d’heures est un ouvrage qui indique les prières à réciter suivant les heures de la journée et les fêtes à célébrer chaque jour. Calqué sur les heures monastiques, il est destiné aux laïcs. Les livres d’heures se répandent à la fin de l’époque gothique, de 1350 à 1480. Le plus souvent de petit format, ils peuvent être beaucoup plus grands et somptueusement enluminés quand ils sont commandés par un très haut personnage comme le duc de Berry.

Un livre d’heures commence toujours par un calendrier. L’année est rythmée par le cycle des saisons, les douze mois et les douze signes du zodiaque. Chaque mois est illustré par une activité humaine : travaux des champs pour les paysans, semailles ou fenaison ; divertissements comme la chasse ou la promenade pour la noblesse. Viennent ensuite les prières, en latin, illustrées par des peintures religieuses.

L'apparition du paysage réaliste

Les très riches heures du Duc de Berry - Octobre
© RMN – Grand Palais (domaine de Chantilly) / René-Gabriel Ojéda

Dans Les Très Riches Heures du duc de Berry, les travaux des champs sont représentés avec beaucoup de précision. Les personnages sont situés dans un espace réel rendu en perspective, une nouveauté. Dans le mois d’octobre [ ci-contre ], deux paysans travaillent dans un champ à Paris, sur la rive gauche de la Seine, face au château du Louvre. La scène se déroule sous les fenêtres du duc, qui habitait l’hôtel de Nesles, à l’emplacement de l’actuel Institut de France. L’un des paysans est monté sur un cheval qui tire une herse alourdie d’une pierre pour aplanir et égaliser le sol, tandis que l’autre sème à la volée. Ils se tournent le dos, une façon de suggérer ainsi leurs allées et venues dans le champ aux sillons réguliers. 

 

 

 

Resté inachevé à la mort des frères de Limbourg et du duc de Berry en 1416, le manuscrit est terminé à la fin du XVe siècle. Acheté par le duc d’Aumale en 1846, il constitue aujourd’hui l’un des fleurons de la collection du musée Condé au château de Chantilly.

 

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