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10 questions à Claire Tabouret, l'artiste choisie pour réaliser les vitraux contemporains de Notre-Dame de Paris

Claire Tabouret assise devant une de ses oeuvres
Portrait de Claire Tabouret / photo © Aleskey Kondratyev / œuvre © Claire Tabouret

Il y a un an, Claire Tabouret était choisie pour réaliser les vitraux de six chapelles du bas-côté sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Cet hiver, elle expose pour la première fois au Grand Palais les peintures préparatoires qui serviront de modèles aux maîtres-verriers de l’atelier Simon-Marq. Dans cet entretien, elle revient sur le thème du projet, ses inspirations et la technique employée.

Est-ce la première fois que vous travaillez à l’échelle monumentale ?

J’ai souvent été attirée par les œuvres monumentales, le coté immersif des grands formats, mais il s’agit ici de la plus grande œuvre que j’ai réalisée jusqu’à présent. C’est aussi la première fois que je dois composer ainsi avec le rythme de l’architecture, ce qui fut une contrainte tout à fait passionnante

Vue de salle de l'exposition "D'un seul souffle"
Photo © Simon Lerat pour le GrandPalaisRmn, Paris, 2025

Vue de salle de l'exposition "D'un seul souffle", Claire Tabouret

Le thème de la Pentecôte unit les six vitraux pour Notre dame. Comment avez-vous souhaité renouveler son iconographie, souvent assez spectaculaire ?

J’ai été saisie par la beauté du thème, décrivant ce moment d’harmonie, de paix, de respect dans la diversité. Quand on se penche sur les représentations de la Pentecôte à travers les siècles, il y a une adéquation avec l’évènement historique tout autant qu’avec le moment où l’œuvre a été réalisée. Je pense que c’est le cas de ma version également, profondément ancrée dans notre temps.

Portrait de Claire Tabouret
Photo © Kaleb Marshall, 2025

Portrait de Claire Tabouret

Sur le plan technique, vous avez fait le choix du monotype. Depuis quand expérimentez-vous cette technique ?

Je travaille le monotype avec obsession depuis de nombreuses années, en parallèle de mon travail de peinture. C’est une technique simple, je peins à l’huile sur une planche de verre ou de plexiglass et lors de l’impression sur papier avec une presse manuelle, l’image est inversée. Il y a alors toujours un élément de surprise à la découverte de l’œuvre. Cela me donne une grande liberté d’expérimentation, c’est une pratique qui me procure beaucoup de joie.

Quelles contraintes s'imposent lorsqu'on intervient au sein d'un tel monument ?

Dans l’appel à projet, il était spécifié que le projet retenu devrait prendre en compte l’harmonie et la lumière blanche de Notre-Dame. Ce qui veut dire qu’il fallait utiliser une même proportion de chaque couleur, pour ne pas créer de grandes taches bleues ou rouges par exemple. Il m’a fallu me contraindre lorsque je peignais, pour ne pas me laisser submerger par une couleur dominante. C’est devenu comme une danse, un rythme, ce constant passage d’une couleur à une autre.

Vue de salle de l'exposition "D'un seul souffle", Claire Tabouret
Photo © Simon Lerat pour le GrandPalaisRmn, Paris, 2025

Vue de salle de l'exposition "D'un seul souffle", Claire Tabouret

Votre œuvre explore la lumière depuis longtemps. Qu’est-ce que le vitrail vous apporte ?

J’ai toujours été fascinée par la qualité mouvante de la peinture, comme la surface de l’eau. De voir une de mes œuvres traduites en vitrail est un rêve absolu, dans le sens ou le verre est un matériau qui semble presque vivant, avec des irrégularités magnifiques. Le verre soufflé à la bouche comporte des ondulations, des bulles et des intensités colorées qui changeront au fil du jour, de la météo... L’œuvre sera donc sans cesse renouvelée, changeante.

Deux des vitraux sont des paysages. Avez-vous voulu donner un rôle spécifique aux éléments naturels, au ciel, au vent ?

Les paysages agissent comme une respiration dans le parcours du visiteur. Ils illustrent aussi ces deux grands moments qui précèdent l’arrivée de l’Esprit-Saint. Le grand bruit dans le ciel et le souffle du vent. 

Parmi tous les artistes contemporains qui ont réalisé des vitraux pour un édifice ancien, lesquels vous ont inspirée ?

Le travail de Chagall m’inspire pour la manière dont il fait danser la couleur, la grande fraîcheur de son geste. Mais aussi Matisse et la chapelle du Rosaire, pour la manière dont il a abordé la répétition et l’ornementation avec une immense liberté.

Détail d'oeuvre de Claire Tabouret
Photo © Marten Elder

Claire Tabouret, Maquette (détail)

Quel est votre rapport au spirituel, à la spiritualité, dans votre travail comme dans votre quotidien ? 

La peinture a fait partie de moi depuis l’enfance, comme quelque chose de plus grand que moi, qui me traverse, c’est une vocation. Je me sens proche des hommes et des femmes de foi en ce sens. 

De façon plus anecdotique, avez-vous eu un petit rituel ou un objet porte-bonheur pendant la création des vitraux ? 

Je me suis sentie très proche de ma presse, sur laquelle j’ai imprimé manuellement, en tournant la grande manivelle des centaines de fois, avec à chaque fois une grande excitation de découvrir le résultat ! C’est une presse fabriquée par le petit atelier Takash, basé au Nouveau Mexique.

Si vous deviez choisir un mot pour décrire cette réalisation, lequel serait-il ? 

Le souffle, qui est ce qui nous unit tous, aussi divers que nous soyons. Le souffle qui m’a habitée et portée lors de la réalisation de ces grandes peintures. Le souffle qui fabrique le verre des vitraux soufflés à la bouche. Le souffle du vent. Le souffle de L’Esprit-Saint. Ce projet appartient à tous, il est pour tous. J’espère donner encore plus envie aux visiteurs de découvrir les vitraux réalisés, en ce moment même, dans l’atelier Simon-Marq.

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