Braque : dans la solitude de l'atelier

Braque : dans la solitude de l'atelier

25 October 2013
A la fin des années 1940, Braque est devenu le plus grand artiste français vivant: honoré d'un grand prix par la Biennale de Venise en 1948, il est aussi connu à New York qu'à Paris...

A la fin des années 1940, Braque est devenu le plus grand artiste français vivant: honoré d'un grand prix par la Biennale de Venise en 1948, il est aussi connu à New York qu'à Paris et incarne, selon la critique, l'art français par excellence, dans la lignée d'un Poussin ou d'un Chardin. Mais il est aussi un homme vieillissant et malade, qui a connu les tranchées et les heures sombres de l'Occupation, atteint par une forme de mélancolie. Dans son atelier de Varengeville, construit par le grand architecte américain Paul Nelson, il entame une série de grandes toiles qui vont l'occuper jusqu'en 1956. Huit versions sur un seul et même thème, l'atelier, avec ce qu'il implique de recherches solitaires et secrètes. Celui que Jean Paulhan appelle « le Patron », au sens religieux du terme, mène une réflexion sur l'espace et le rapport entre les choses, objets inanimés ou vivants: « Les objets n'existent plus pour moi, sauf qu'il y a un rapport harmonieux entre eux, et aussi entre eux et moi. » De cet enfermement résultent autant de chefs-d'œuvres, parfois énigmatiques, ultimes variations sur un sujet qui le préoccupe en fait depuis les années cubistes.


Georges Braque, Atelier I 1949. Huile sur toile, 92 x 73 cm. Collection particulière. © collection particulière © Adagp, Paris 2013





Le peintre y reprend sa palette sourde, faite de « gris, brun, noir » évoqués par son ami Alberto Giacometti, les textures « matiéristes », grumeleuses, presque rugueuses, et les compositions complexes, centripètes et labyrinthiques, traduisant l'enfermement et le repli de l'artiste face à son chevalet: « Moi, je me replie autour d'un centre », dit-il. Cette quête formaliste et esthétique prend une dimension philosophique et presque mystique, aux accents crépusculaires. On y retrouve les motifs chers à l'artiste comme la palette, les instruments de musique, le guéridon, un profil, le chevalet, appartenant à l'intimité de l'atelier. Mais un autre motif, voué à des développements futurs, fait également son apparition: l'oiseau, forme incongrue et mystérieuse dans cet espace clos et intériorisé, dont le peintre donnera une éclatante version au plafond de la salle étrusque du musée du Louvre.

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