Plasticien dans l'âme, il passe sa jeunesse à dessiner. A l'université de Syracuse, en 1970, il s'ennuie dans le département Publicité où ses parents l'ont inscrit, jusqu'à ce qu'un professeur fou, Jack Nelson, le réoriente vers le nouveau département qu’il a fondé, au nom prometteur : Experimental Studios. On y travaille le cinéma expérimental avec du 8 millimètres, on crée des images inédites. « I am at home », ressent Viola, qui étudie parallèlement l'informatique, la musique électronique et le mysticisme.
L'art vidéo naît à ce moment, dans la mouvance d’un mouvement artistique plus large, Fluxus, qui rassemble dans les années soixante, sous la houlette de George Maciunas, des auteurs, artistes, compositeurs, comme Joseph Beuys, Yoko Ono, John Cage, à la recherche d’une forme d’ « anti-art », d’une esthétique non commercialisable, qu’ils développent dans des festivals et des performances.
L’un d’eux, Nam June Paik, père fondateur de l’art vidéo, repère vite Viola et l’engage comme assistant. Viola présente alors ses premières oeuvres destinées selon le credo paikien à « attaquer la télévision ». L'art vidéo est militant, dans une période où les artistes participent d'une jeunesse qui veut « changer la vie ». Il s'agit en l'occurrence de proposer un art de résistance par rapport au support si séducteur de la télévision, qui s'annonce déjà comme le torrent de divertissement et de marketing qu'elle n'a depuis cessé d'être. […]
Extrait du catalogue
Bill Viola par Jérôme Neutres, commissaire de l'exposition
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