Paris, les années déclic

7 novembre 2013
Avec son autoportrait au Rolleiflex (1959), Raymond Depardon livre déjà ce qui fera le sel de sa photographie : une simplicité frontale, dégagée de tout artifice. Un instantané de la France des années 60, emprunt de la fraîcheur des débuts.

Son Rolleiflex posé à même le sol du quai de Béthune, le jeune Raymond Depardon, costume cravate et œil hagard, pose au volant de son Rumi d’occasion. On est en 1959, il a tout juste dix sept ans. Un autoportrait comme manifeste pour l’apprenti du photographe Louis Foucherand, dont la boutique donne rue Saint-Louis-en-l’Ile.


Raymond Depardon,Autoportrait au Rolleiflex (posé sur un mur) 1er scooter de marque Italienne « Rumi », étiquette de presse sur le garde-boue. Ile Saint-Louis. Paris, 1959 © Raymond Depardon / Magnum Photos







« Monté à Paris » un an plus tôt, c’est loin de la ferme familiale du Garet, près de Villefranche-sur-Saône, que Raymond Depardon fait ainsi ses premiers pas dans la cour des grands. Quatre ans qu’il attendait son tour, depuis qu’en 1954, il s’était approprié le cadeau d’anniversaire de son frère aîné Jean, un 6X6 de la marque Lumière, avec lequel il réalise ses premières images, du chien Pernod à ses copains de classe, remplacé deux ans plus tard par un 6x6 d’occasion, offert cette fois par son père, déjà convaincu que Raymond échapperait à l’atavisme familial.



« Enfant solitaire et rêveur, j’étais plus souvent dans les greniers que dans les champs. Mes parents l’ont compris avant moi : je ne serais pas agriculteur ». Du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas : Louis Faucherand, qui s’associe dès 1959 à Louis Dalmas, journaliste fondateur de l’agence de photoreportage éponyme, lui met le pied à l’étrier. L’aventure pouvait enfin commencer.

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