Picasso goes pop...
Le pop art rejette l’abstraction qui dominait l’art depuis les années 1940 et apparaissait comme le point ultime d’une histoire de l’art « moderniste » incluant Pablo Picasso et reposant sur l’idée de « progrès ». Pour les artistes pop, Picasso est une icône qui leur est contemporaine, comme peuvent l’être un héros de comics ou Liz Taylor, et son « style » est reconnu par tous. Ainsi, Claes Oldenburg peut « dégonfler » l’une des rares œuvres publiques de Picasso, le monument de Chicago de 1967, car elle est aussi identifiable qu’un objet de consommation courante. Roy Lichtenstein a été particulièrement marqué par Picasso, qu’il considère dès les années 1950 comme une source plastique fondamentale de son travail. Ses reprises et ses citations de l’œuvre de Picasso laissent entendre que l’on peut tout refaire, que tout coexiste en art, et que le récit linéaire, moderniste et progressiste de l’histoire de l’art est une vaste falsification. Les peintures en série des Heads de Warhol d’après Picasso, les reprises inlassables de personnages picassiens par Erró répondent à la même entreprise de déconstruction. Ainsi, Lichtenstein, Oldenburg ou Erro ont une attitude « post-moderne » : ils mettent en question la valeur accordée aux modèles historiques en leur imposant leur style, et parmi eux, Pablo Picasso.