Peindre la mer

Peindre la mer

23 August 2013
La mer immense a longtemps fait peur : la Méditerranée, imprévisible et pleine de dangers, plus encore.

© Rysselberghe



Une crainte teintée de fascination pour les poètes et les artistes, attirés par cet élément mystérieux, connu des seuls marins et pêcheurs. Mais comment peindre la mer, cette surface agitée et changeante, qui peut en un instant passer du bleu au gris, scintiller ou se métamorphoser en une masse sombre et ténébreuse ? Comment apprivoiser le monstre terrible et nourricier ?



La plupart vont d’abord l’observer de loin, derrière un rideau d’arbres ou à l’abri d’un port familier et rassurant. Cézanne, encore lui, est l’un des premiers à s’y risquer, mais en la maintenant à distance : dans son "Golfe de Marseille vu de L’Estaque", elle est réduite à un triangle bleu où deux timides voiles blanches à peine visibles hésitent à s’aventurer. Monet ne s’y aventure guère plus, lui préférant souvent la végétation, la montagne ou quelque village. À part dans "Antibes", où le port curieusement disparaît presque totalement derrière la grande bleue. Ces deux pionniers préfèrent le plus souvent lui tourner le dos et rester sur la terre ferme.



Les néo-impressionnistes sont plus téméraires : navigateurs accomplis, c’est d’abord en marins qu’ils ont apprivoisé la mer, avant de la peindre en connaisseurs. Signac, Van Rysselberghe et Cross, avec "Le Retour du pêcheur", "La Barque bleue" ou encore "Côte provençale . Le Four des Maures", dénichent sans crainte des sites inaccessibles à pied, se plaisent à décrire le spectacle des ports ou tout simplement la beauté d’un coucher de soleil embrasant les flots.



À leur suite, les Fauves se régalent des bords de mer et des bateaux aux couleurs vives,  comme André Derain avec "Le Port de Collioure". Le plus fidèle d’entre eux est sans conteste Marquet, qui multiplie les vues portuaires de Marseille, de Saint-Raphaël… Mais sa palette est bien différente, dans un camaïeu de bleu, de gris et de vert, tel une brume de mer. Alors que pour Bonnard, la mer est avant tout le prétexte d’une baignade, et surtout d’un voluptueux déploiement coloré ("Baignade à la fin du jour", "Marine"), Dali en donne une vision dantesque avec "La Pêche au thon", rituel antique et guerrier.

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