Velázquez chef d'atelier

Velázquez chef d'atelier

15 May 2015
À son retour à la Cour à l’été 1651, Velázquez trouve une famille royale au visage profondément changé, et il va aussi se retrouver à la tête d'un atelier...

Philippe IV a épousé en secondes noces Marie-Anne d’Autriche, sa nièce (la fille de sa sœur Marie), autrefois promise à Baltasar Carlos, mort en 1646. De son premier mariage, seule a survécu l’infante Marie-Thérèse. En 1651, la nouvelle reine est déjà enceinte et accouche le 12 juillet de la princesse Marguerite. Celle-ci incarnera un temps les derniers espoirs dynastiques avant que ne naissent un premier garçon, en novembre 1657, Felipe Próspero, puis un second, Charles II, en novembre 1661.



Le renouvellement de la famille royale et le jeu des alliances politiques et matrimoniales pressent la demande de portraits des nouveaux Habsbourg d’Espagne à destination des cours européennes. Nommé maréchal du palais (aposentador) en 1652, Velázquez est alors au sommet de son ascension. Il est également à la tête d’un large atelier, secondé par Juan Bautista Martínez del Mazo, dont la tâche principale est de dupliquer les portraits royaux à partir d’originaux ou de prototypes fournis par le maître.





Juan Bautista Martínez del Mazo


Juan Bautista Martínez del Mazo, Portrait de femme de la cour d'Espagne, RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Thierry Ollivier

Né vers 1610, Juan Bautista Martínez del Mazo entre en 1631 dans l’atelier de Velázquez, dont il épouse la fille, Francisca, en 1634. Nommé professeur de peinture et de dessin de l’infant Baltasar Carlos à partir de 1643, il s’affirme comme le principal et le plus fidèle collaborateur du maître. Si son style a longtemps souffert d’une assimilation hâtive à tout ce qui n’était pas assez bon pour être de Velázquez lui-même, son identité artistique sort peu à peu de l’ombre et se distingue de celle de son mentor par une palette plus vive et plus contrastée, une conception simplifiée des formes, et un goût pour les effets de surface qui passe notamment par la multiplication des rehauts blancs.

Pour la première fois, un nombre significatif d’œuvres de sa main permettent d’apprécier le peintre à sa juste valeur, en deçà de Velázquez, certes, mais au-delà de la simple production d’atelier. À la vérité sobre de son maître, Martínez del Mazo préfère l’élégante séduction d’une touche plus facile et virtuose en apparence. Il reste cependant le seul à avoir vraiment compris les enjeux esthétiques de la peinture de son mentor, quand bien même cette clairvoyance devait le ramener à ses propres limites.









Los Velazqueños

 

À l’exception notable de Juan Bautista Martínez del Mazo, Velázquez n’a pas vraiment fait école. Pourtant, nombreux sont les artistes qui, du vivant du maître ou des années encore après sa mort, montrent dans leur style une inflexion velazquésienne ou font référence à sa peinture. Pietro Martire Neri, son collaborateur à Rome, et Juan de Pareja, son esclave et assistant, n’adhèrent ainsi que transitoirement à sa manière pour céder ensuite à des influences plus faciles et davantage à leur portée. Antolínez et Carreño de Miranda seront pour leur part des protagonistes importants de la seconde école de Madrid, qui voit le triomphe du baroque italianisant à la cour d’Espagne. Ce dernier artiste, le seul à pouvoir prétendre succéder à Velázquez, puise cependant à une autre source, celle de la synthèse vénéto-flamande mise au point par Van Dyck, strict contemporain de Velázquez, plus séduisant sans doute, plus accessible en tout cas.

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