Tels des projectiles, des pavots le criblent de toutes parts. Ces fleurs au pouvoir hallucinogène nous disent, selon Kiefer, « Souviens-toi, souviens-toi, souviens-toi toujours » et nouent un lien supplémentaire avec Paul Celan. Son recueil de poèmes, Mohn und Gedächtnis (Pavot et mémoire), souvent convoqué par l’artiste, donne son nom à cette sculpture ambivalente. 

Sur les ailes, des livres de plomb, eux aussi, nous disent que le vol ne sera pas physique mais d’une autre nature. En effet, ces grands volumes posés ici et là témoignent de l’importance de « l’objet » autant que de son « contenu ». Kiefer, qui aurait aimé être écrivain ou poète, est un lecteur assidu, détenteur d’une très vaste bibliothèque de plusieurs milliers de références.