Un temps d’exubérance

Les arts décoratifs sous Louis XIII et Anne d'Autriche (1610-1661)

Du 11 avril 2002 Au 8 juillet 2002
Grand Palais, Galeries nationales
Description

{Exposition organisée par la Réunion des musées
nationaux et le musée du Louvre en partenariat media avec la chaîne
Mezzo, FIP et le Figaroscope.}

Alors que les arts décoratifs de la Renaissance, des époques
d'Henri IV et de Louis XIV ont fait l'objet de nombreuses études
et expositions, ceux du règne de Louis XIII et de la régence
d'Anne d'Autriche restent largement méconnus. De l'assassinat
d'Henri IV (1610) au début du règne personnel de Louis
XIV (1661) le royaume, encore divisé par les conflits religieux
malgré l'édit de Nantes (1598), se trouve affaibli
par les deux régences de Marie de Médicis (minorité
de Louis XIII), et d'Anne d'Autriche (minorité de Louis
XIV), la Fronde et la guerre de Trente Ans. Pourtant, le pouvoir royal
soutient activement la vie intellectuelle et artistique : l'Académie
française est créée en 1635, l'Académie
de peinture et de sculpture en 1648. Dans la même période,
la cour s'attache des artistes et artisans qu'elle loge au Louvre.
Un mécénat actif et éclairé est exercé
par les souverains et les grands du royaume (Marie de Médicis,
Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII, Richelieu, Anne
d'Autriche et enfin Mazarin) et quelques collectionneurs dont le
plus célèbre est Louis Hesselin.

Ce ne sont pas seulement les arts libéraux, la peinture ou la
sculpture, que la France soutient ainsi, mais tous les arts et notamment
ceux qui, à cette époque encore proche de la Renaissance,
se manifestent avec le plus d'évidence et d'ostentation :
les arts décoratifs. De cette prééminence accordée
à la richesse de l'apparence, censée refléter
l'excellence de la personne, témoigne l'intérêt
porté à l'ornement. Un tableau vaut ainsi plus par
son cadre que par la main de l'artiste qui l'a peint. De même,
les bordures des tapisseries, apparues au XVIe siècle,
ne cessent de croître, jusqu'à occuper un tiers de la
surface totale dans le {Moïse sauvé des eaux,} d'après
Simon Vouet (présentée à l'exposition). On y
place souvent les armoiries des familles commanditaires. De même
encore, la gravure d'ornement, née dans la seconde moitié
du XVIe siècle, connaît un développement
remarquable au début du XVIIe siècle et va largement
contribuer à diffuser à l'étranger le modèle
décoratif français, d'autant que Paris est devenu la
capitale européenne de l'estampe. Art onéreux réservé
à une élite et de tradition ancienne en France, la broderie
n'est pas moins recherchée dans cette quête de l'apparat
et c'est finalement à un brodeur parisien, Boucher, que Christine
de Suède commande au milieu du siècle les ornements destinés
à son couronnement. L'armurerie n'est pas en reste. Décorée,
élégante, l'arme est un signe de prestige autant qu'un
instrument de guerre ou de chasse. La France se distingue par une production
d'armes à feu de grande qualité dans des ateliers de
plus en plus nombreux dont ceux de Sedan, Metz et Lisieux deviennent célèbres.
C'est dans ce dernier centre que semble avoir été mis
au point " la platine à silex à la française "
inspirée de l'arquebuse hollandaise. En d'autres domaines
où elle a déjà fait ses preuves, la France entretient
ses acquis : ainsi, la terre vernissée, fabriquée en
France depuis la fin du Moyen Age, parvenue à des sommets dans
la seconde moitié du XVIe siècle avec Bernard
Palissy, continue de se développer dans des régions aux
traditions céramiques anciennes : la Saintonge, le Beauvaisis,
la Normandie ou, plus près de la cour, Fontainebleau. De même
les émaux, dont Limoges reste l'un des centres de production
les plus renommés, et qui, depuis le milieu du XVIe
siècle, sont aussi utilisés dans le vitrail. Ce dernier
art, même s'il est moins sollicité par une architecture
en quête de clarté, produit encore quelques chefs-d'oeuvre.

Mais c'est aussi en accueillant des artistes et artisans étrangers
que la France renouvèle et diversifie sa production artistique.
D'Allemagne et des Pays-Bas viennent des " menuisiers en
ébène ", qui introduisent à Paris le cabinet,
meuble d'apparat en bois plaqué d'ébène,
composé de compartiments et de tiroirs fermés par des vantaux.
A partir de ce modèle, les premiers ébénistes parisiens
vont créer un cabinet français, bien qu'il soit souvent
dit " d'Allemagne " ou " façon
d'Allemagne ", essentiellement caractérisé
par une corniche saillante, un décor où dominent la gravure,
la sculpture et des supports en forme de cariatides. La fabrication de
ces meubles dure jusqu'au milieu du siècle environ. D'Anvers
aussi vient Gérard van Opstal (1604-1668), appelé par Richelieu
pour le renom de ses ivoires. D'Italie arrivent des verriers, des
faïenciers. Appelés par les Gonzague devenus ducs de Nevers
et de Rethel, ils vont faire de Nevers l'un des principaux centres
artistiques français du début du XVIIe siècle.
On y fabrique les verres dits " à la façon de
Venise " (les verriers viennent en réalité d'Altare,
dans le Montferrat, les Vénitiens n'ayant pas le droit de
quitter la lagune sous peine de mort) mais hormis le plat en verre, gravé
à la pointe de diamant, de la collection de Gaston d'Orléans
(présenté dans l'exposition), peu sont documentés,
moins encore ont été conservés. De Nevers aussi proviennent
les faïences influencées par les modes italiennes : les
motifs historiés puis les grotesques d'Urbino, le style naturaliste
de Savone ou encore le décor léger sur fond blanc de Faenza.
Mais bientôt, entre les années 1630 et 1650, Nevers se démarque
de l'influence italienne par l'utilisation de fonds bleus d'une
qualité inégalée sur lesquels les décors sont
appliqués en blanc fixe. A partir du milieu du siècle, de
nouvelles manufactures, celles de Rouen et Moustiers notamment, reprennent
et diffusent les modèles de Nevers.

En d'autres domaines, les lieux d'inspiration et de fabrication
se révèlent plus divers. C'est le cas par exemple de
l'orfèvrerie. L'inventaire après décès
des biens de Mazarin ne révèle pas moins de 500 pièces
d'orfèvrerie dont les origines sont multiples : France,
Allemagne, Espagne, Portugal, Italie et Angleterre. A côté
de l'orfèvrerie religieuse et de grandes pièces décoratives
comme les aiguières, les bassins ou les groupes se développe
une très riche orfèvrerie d'ameublement et une abondante
vaisselle de table et de toilette. C'est aussi sous le règne
de Louis XIII que semblent apparaître les chenets en argent. Si
les guerres ont engendré des fontes qui ont souvent ruiné
ces collections, il reste quelques dizaines de pièces dont les
plus significatives sont présentées dans l'exposition.

Au total, ce sont 350 oeuvres qui sont présentées aux Galeries
nationales du Grand Palais, dressant le plus complet inventaire jamais présenté
des arts décoratifs en France au début du XVIIe siècle.

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