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Sous ses couleurs éclatantes et ses formes joyeuses, l’art de Niki de Saint Phalle révèle des luttes engagées et une conscience aiguë du monde. Retour sur le parcours d’une artiste révoltée qui a fait de son œuvre le lieu de nombreux combats.
Si cette dimension est restée pendant longtemps peu commentée, l’œuvre de Niki de Saint Phalle s’est très tôt ouverte à un discours politique et engagé. De même que le travail de certains Nouveaux Réalistes fait écho à l’histoire politique contemporaine, les Tirs de l'artiste sont en lien avec la violence de l’époque.
Niki de Saint Phalle lors de sa séance de tir réalisée dans une cour à Stockholm, le 14 mai 1961, avant l’ouverture de l’exposition "Rörelse i konsten" au Moderna Museet (17 mai-3 septembre 1961)
Présenté dans l’exposition, son Autel O.A.S (1962), est un triptyque doré dont le panneau central est occupé par une chauve-souris hurlante et dont les symboles religieux s’accompagnent de bébés décharnés et de revolvers. Si l’artiste évoque malicieusement son autel comme une Œuvre d’Art Sacrée, le titre ne manque pas d’évoquer l’Organisation Armée Secrète qui défend par la violence la présence française en Algérie.
La même année, Niki s’empare de l’actualité internationale et traite de la crise des missiles de Cuba avec King Kong, un tableau-tir également visible dans l’exposition. On y voit le monstre gigantesque s’avancer vers une ville bombardée, suivi par les figures de Castro, Lincoln, De Gaulle, Washington, Kennedy et Khrouchtchev.
Son regard sans concession sur l’Amérique, son pays d’enfance, reste intact. Au début des années 2000, elle signe une série de dessins virulents contre la politique de George Bush. Chez Niki de Saint Phalle, l’engagement ne faiblit jamais.
Niki de Saint Phalle, Black Rosy ou My Heart Belongs to Rosy, 1965, tissu, fils de laine et peinture sur grillage, 225 × 150 × 85 cm, Niki Charitable Art Foundation, Santee, Californie
L’œuvre de Niki de Saint Phalle est par essence œuvre de tolérance. Éduquée dans un contexte antiraciste – fait rare dans l’Amérique des années 1930-50 – elle représente très vite des Nanas noires. La première, Black Rosy, réalisée en 1966 et présentée dans l’exposition, rend hommage à Rosa Parks, devenue symbole de la lutte pour les droits civiques après avoir refusé de céder sa place à un passager blanc dans un bus. Estimant les personnalités noires insuffisamment reconnues, elle leur consacre en 1998 une série de sculptures : les Black Heroes.
Combien de noirs ai-je fait ? Des centaines ? Pourquoi, moi, une blanche, est-ce que je fais des noirs ? Je m’identifie à tous les gens qui sont des outsiders, qui ont été persécutés d’une façon ou d’une autre par la société. Le noir est moi, ils sont moi !
Farouche défenseur des opprimés, Niki multiplie les combats. À la fin des années 1960, alors qu’elle fréquente Etienne Baulieu, créateur de la pilule abortive, elle envisage une sérigraphie sur la pilule.
L’artiste s’illustre également dans la lutte contre le sida dont elle représente le fléau dans plusieurs œuvres. En 1986, elle édite avec le médecin Silvio Barandun le livre Le Sida, c’est facile à éviter, traduit en six langues. Sous la forme d’une lettre à ses enfants, elle entreprend avec humour d’éveiller à la prévention et de briser le tabou de la maladie. 70 000 exemplaires sont vendus ou distribués dans les écoles et les profits sont reversés à l’association AIDS. Le livre est réédité et complété des récentes avancées scientifiques en 1990 et s’accompagne d’un film d’animation réalisé avec son fils.
L’un des derniers combats sera peut-être le plus personnel. En 1994, elle publie le livre Mon Secret dans lequel elle dévoile le viol commis par son père l’été de ses onze ans. Écrit comme une lettre à sa fille, l’ouvrage cherche à briser le silence dans lequel s’enferment les victimes de violences sexuelles infantiles et s’achève sur ces mots : « Un jour je ferai un livre pour apprendre aux enfants comment se protéger. »
Présentées au Grand Palais dans l’exposition Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten, certaines de ces œuvres rappellent combien son art, ancré dans son temps, fut aussi un instrument de combat et de liberté. À découvrir jusqu’au 4 janvier 2026.
Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979 (détail)
Expositions
26 juin 2025 - 4 janvier 2026
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Voir le contenu : Dernières semaines pour découvrir l'expo Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely et Pontus Hulten
Jean Tinguely, L’Enfer, un petit début, 1984, métal, objets et matériaux divers, moteurs électriques, 370 × 920 × 700 cm, Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris.
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Une parenthèse artistique, ludique et historique avant les fêtes ! Vous avez encore jusqu’au 4 janvier 2026 pour découvrir l'aventure du trio Saint Phalle, Tinguely, Hulten. Entre le sculpteur suisse, la sculptrice franco-américaine et le commissaire d’expositions suédois se tisse une incroyable collaboration de plusieurs décennies, ponctuée de projets majeurs.
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Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979 (détail)
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L’hiver s’installe au Grand Palais, mais l’exposition Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten a plus d’un moyen de vous réchauffer. Visites guidées, installation gratuite, colloque international : voici trois évènements pour ajouter un peu de...
Voir le contenu : L’art en grand : les projets titanesques de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely
Jean Tinguely, Estampe rehaussée du Cyclop, avec dédicace à Seppi Imhof, 1977. Feutre, stylo à bille, pastel gras et collage sur sérigraphie couleur. 65 × 50 cm. Museum Tinguely, Bâle/un engagement culturel de Roche. Donation Josef Imhof.
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De Stockholm à Montréal, de Milly-la-Forêt à la Toscane, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely ont créé des œuvres démesurées, joyeuses et libres, portés par le soutien de Pontus Hulten. Ensemble, ils ont fait naître des projets hors normes, entre poésie...