Aller au contenu principal

Article -

Une franc-tireuse parmi les hommes : focus sur les "Tirs" de Niki de Saint Phalle

Tableau-tir de Niki de Saint Phalle
2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris, 2025 / Photo © Ville de Nice / Muriel Anssens

Niki de Saint Phalle, Tir, séance 26 juin 1961, 26 juin 1961, objets divers, plâtre, métal, peinture acrylique sur bois, 322 × 210 × 35 cm, MAMAC, Musée d’art moderne et d’art contemporain de Nice

L’histoire, la religion, la politique : Niki de Saint Phalle a tiré sur tout ! Dans les années 1960, l’artiste invente les “Tirs”, des œuvres explosives où la peinture jaillit sous l’impact des balles. Des performances spectaculaires, libératrices, et aujourd’hui emblématiques, dont certaines sont à découvrir au Grand Palais. On vous raconte.

Séance de tir avec Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely
Niki Charitable Art Foundation, Adagp, Paris / Centre Pompidou, GrandPalaisRmn, Shunk-Kender

Séance de tir de Niki de Saint Phalle, impasse Ronsin, Paris, 26 juin 1961. À gauche : Jean Tinguely

“Faire saigner la peinture” 

Dans les années 1960, Niki de Saint Phalle met au point une série de performances spectaculaires qui la rendront célèbre : les Tirs. Devant un public médusé, l’artiste vise à la carabine des reliefs de plâtre qu’elle a confectionnés à la main. À l’intérieur, elle y a caché des poches de peinture, des bombes de couleur et même des produits alimentaires. À chaque coup de feu, les sachets éclatent, libérant des flots de couleurs. Les “tableaux-tirs” dégoulinent alors de peinture, transformant la toile en champ de bataille et renversant les codes de la peinture traditionnelle. 

Des œuvres-performances… 

Niki de Saint Phalle prend très tôt conscience de l’importance de la communication et de la nécessité de garder trace de ses performances. Ses Tirs sont des évènements publics, participatifs et documentés auxquels de nombreux Nouveaux Réalistes prennent part avec enthousiasme. Elle invite également des amateurs à tirer eux aussi sur la toile, au hasard. L’œuvre trouve alors sa forme définitive, sous l’impulsion du public.

…Pour exprimer la violence de la société 

En s’emparant d’une carabine pour tirer sur ses compositions et "faire saigner" sa peinture, l’artiste bouleverse le monde de l’art. Un geste fort qui fait le lien entre sa violence et celle de l’époque. Pour Niki de Saint Phalle, tirer est une libération tant du point de vue de ses expériences traumatisantes personnelles que de sa condition de femme, et de surcroît de femme artiste. 

Car si les Tirs sont aujourd’hui des performances iconiques de l’artiste qui lui ont permis de s’affirmer au sein de la scène artistique, la série fut très critiquée pour sa violence qui suggère une appropriation d'un comportement assigné au genre masculin. Ainsi, par ce geste, elle retourne la violence contre le cadre même de la peinture et de l’ordre établi.

En tirant sur moi, je tirais sur la société et ses injustices. En tirant sur ma propre violence, je tirais sur la violence du temps.

Niki de Saint Phalle

À une époque où l’art restait largement dominé par les hommes, Niki de Saint Phalle imposa sa voix. Aujourd’hui encore, les éclats de couleurs continuent de résonner comme autant de coups de feu contre les injustices et les carcans.

Réserver Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten
Sculpture Hon (femme sur le dos) en couleurs avec visiteurs au premier plan en noir et blanc
Sculpture Hon (femme sur le dos) en couleurs avec visiteurs au premier plan en noir et blanc
2025, Niki Charitable Art Foundation / ADAGP, Paris / Hans Hammarskiöld, Hans Hammarskiöld Heritage

Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979 (détail)

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten

Expositions

26 juin 2025 - 4 janvier 2026

Votre panier

Votre panier est vide

Besoin d'inspiration ?
Rendez-vous dans le programme en ligne du GrandPalais

Magazine

Regardez, lisez, écoutez

Voir tout le magazine