L'Egypte de Cartier
Pour Cartier, l'Antiquité est d'abord vue à travers le prisme de la Renaissance ou du néoclassicisme du style Louis XVI. En reprenant les motifs de rinceaux, de palmes ou de feuilles de laurier, le joaillier fait aussi référence au répertoire décoratif du Ier Empire, très prisé des familles princières.
Mais c'est surtout à l'Egypte pharaonique que va la préférence de Louis Cartier : l'égyptomanie avait déjà séduit l'Europe dès la fin du XVIIIe siècle. La découverte, en 1922, de la tombe de Toutankhamon va régénérer cette source d'inspiration. Collectionneur d'antiquités égyptiennes, Louis Cartier achète de petits objets et des fragments qui sont remployés dans des bijoux aux montures contemporaines. Des pierres colorées comme la turquoise, le lapis-lazuli ou la cornaline sont très souvent utilisées dans ces nouvelles créations.
Scarabées, fleurs de lotus, hiéroglyphes et sphinx y font leur apparition, d'abord sur de petits objets, puis sur des pièces plus importantes. En 1927, la pendule égyptienne reprend la forme du portique d'un temple de Karnak : sur un socle en lapis-lazuli, couverte de nacre gravée de hiéroglyphes et de fleurs de lotus, soulignée de corail, elle mêle exactitude archéologique et fantaisie décorative avec une rare élégance. Deux ans plus tard, le roi Fouad décerne à la Maison Cartier un brevet officiel de fournisseur de la cour d'Egypte.
Très en vogue dans les années 20, cette mode égyptienne s'éteint progressivement dans les décennies suivantes. En 1934, le diadème Halo de la bégum Andrée Aga Khan est l'un des derniers bijoux importants à réutiliser la forme stylisée des fleurs de lotus.