De bonnes surprises

De bonnes surprises

8 June 2012

Paulus Potter, Tête de Mouton, 1654 © Musée des Beaux-Arts de Dijon. Photo François Jay



Le billet du commissaire par Emmanuelle Héran

Il y a trois portraits que j’adore et qui, je l’espère, plairont aux visiteurs : la Tête de bœuf de Jan Asselijn, du musée de Nîmes – avec ses curieuses « lunettes » noires, le Mouton de Paulus Potter – un nom d’artiste qui amusera les enfants -, du musée de Dijon, et la Tête de bélier de Vernet, hyperréaliste, du musée de Béziers. Ce ne sont pas des noms connus du grand public.

Pourtant, le Hollandais Paulus Potter est très connu dans son pays car il a eu une carrière très brève et a peint un tableau célébrissime, le Jeune Taureau, conservé au Mauristhuis de La Haye. Je n’ai pas essayé d’emprunter cette œuvre, car la présence humaine y est trop importante. La découverte de son Mouton, que je dois à mon assistante, Elise Voisin, m’a ravie. Je suis allée à Dijon où le conservateur, Matthieu Gilles, m’a donné accès aux réserves où le tableau est conservé. En effet, le musée des Beaux-Arts de Dijon est en cours de rénovation et une partie des collections n’est pas visible en ce moment. Matthieu Gilles était très heureux de prêter l’œuvre, elle a d’ailleurs été restaurée pour l’exposition.



La Tête de bœuf d’Asselijn, je la connaissais plutôt par une autre version, conservée à Schwerin en Allemagne. En trouver une plus près de nous a été une bonne surprise et la directrice du musée de Nîmes, qui conserve de nombreuses représentations de taureaux et de bœuf – arènes oblige -, était enchantée de le prêter.

La Tête de bélier de Vernet, c’est aussi mon assistante qui l’a repérée. Horace Vernet est surtout connu comme peintre de chevaux. Il était lui-même fils du peintre de chevaux Carle Vernet, et l’ami de Géricault, qui comme on sait, est le peintre du cheval. Montrer un bélier peint par Vernet, c’est un choix à rebrousse-poil, si je puis me permettre ce jeu de mots ! Ce que j’ai promis aux conservateurs qui ont prêté ces œuvres, c’est de leur en apprendre davantage sur leurs œuvres.

Ainsi, ce bélier est en réalité une brebis : le profane ne peut évidemment pas le deviner. L’identification des espèces ou, pour les animaux domestiques, des races, est par exemple une donnée nouvelle de l’exposition. J’ai consulté des zootechniciens, des spécialistes des types anciens, des races disparues ou devenues rares. Dans le cas du mouton de Potter, j’ai appris que c’était un Frison, une race laitière qui était répandue au XVIIe siècle, mais qu’il l’est moins aujourd’hui. Ce n’est d’ailleurs même pas une race d’animal, au sens actuel du terme, mais un type. Pour ce qui est du bœuf d’Asselijn, c’est un Groningue, soit un type de bovin très répandu autour d’Amsterdam vers 1650. Or Asselijn a vécu à Amsterdam entre 1647 et 1652, année de sa mort. Tout concorde.

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