Le passe-muraille

Le passe-muraille

24 July 2012

Par Dimitri Beck, Polkamagazine.com

N’entre pas qui veut dans les appartements des dames. A moins de s’appeler Helmut Newton. Lui n’a pas besoin de forcer la porte ou de faire le pied de grue, planqué comme un paparazzi. Newton a les clefs. Toutes, en maître des lieux qu’il est.

Des hôtels particuliers cossus aux luxueux intérieurs de palaces, Newton ouvre les portes et fait de nous des voyeurs. L’homme qui rêvait d’être reporter et qui est devenu photographe de mode et de nu a un faible pour les lieux intimes : chambre à coucher, salle de bain et même toilettes… Newton, le facétieux et le malicieux, aime braver les interdits.

Il réalise des mises en scène baroques là où, a priori, l’on ne photographie point. Les modèles, en grandes bourgeoises athlétiques, posent dans des positions incongrues : ici à quatre pattes sur un lit ou assise à cheval sur le dos d’un fauteuil dans un salon près d’un piano ; là, nue, en position de table basse.

Le décor, souvent des appartements de type haussmannien à Paris, semble familier. C’est un peu comme fantasmer sur la voisine. Dans ces intérieurs domestiques, la femme newtonienne se retrouve souvent au cœur d’une intrigue. On repense à « Histoire d’O » où l’héroïne est soumise à des pratiques sadomasochistes dans un château. A la différence que, chez Newton, la femme n’est jamais esclave. Au contraire. Elle domine. La sacro-sainte morale du « politiquement correct » irritait le photographe.

A l’heure où la mode et la pub vendaient du rêve et des images lisses, Newton, lui, brise les tabous. Il montre une femme libre et indépendante qui s’encanaille dans l’intimité. Le photographe est devenu le précurseur et le libérateur d’une tendance, celle du partage avec un large public de l’espace privé.


Villa d'Este, lac de Côme, 1975 © Helmut Newton Estate

 

Read also

Meanwhile, on the building site, the Grand Palais is back in full colour

Article - 15 November 2023
A monument of stone, glass and metal, the Grand Palais blends into the urban landscape. However, on closer inspection, it is in fact bursting with colour, and one of the challenges of the restoration work currently underway is to restore all its chromatic ranges.

A taste of Mexico, the trailer of the exhibition

Vidéo - 29 September 2016
Political revolution, but also cultural arts: between 1900 and 1950, Mexico bubbly. Painters, sculptors and photographers, the time of the artists engage and capture the tradition to build a Mexican modernity. Be the journey to discover or rediscover the masterpieces of Frida Kahlo, Diego Rivera, José Clemente Orozco and their contemporaries.
Browse magazine