Agnes Martin : la potentialité du geste
Bien qu'elle ait très tôt commencé à dessiner, c'est vers l'enseignement de l’art que Agnes Martin se tourne dans un premier temps, après avoir étudié la pédagogie et les beaux-arts à la Columbia University de New York. Ses aspirations artistiques ne l'ont pourtant jamais quittée et c’est à l’âge de 40 ans qu’elle reprend son pinceau.
Souvent rattachée au courant minimaliste, elle se réclame cependant de l'expressionnisme abstrait par sa dimension spirituelle détachée de tout intellectualisme. Méconnue en France, sa peinture est influencée par le taoïsme et repose sur une évocation contemplative de la beauté et de la perfection.
D’une précision extrême, ses toiles répondent à un ensemble de contraintes bien précises. Dépouillement visuel, utilisation de la grille, palette monochrome et répétition des lignes sont en effet les maîtres mots de son vocabulaire artistique. De format exclusivement carré, ses tableaux requièrent pour celui qui les admire une attention bien particulière qui suppose exigence de l’esprit et subtilité de l’œil.
Associée à la prestigieuse Pace Gallery de New York dès 1975 et lion d’Or à la Biennale de Venise de 1997, Agnes Martin a touché ses semblables en dépit d'une volonté certaine de se détacher de la société environnante et de son effervescence. « J'ai toujours peint dans la tranquillité. Si vous cessez de penser et vous laisser-aller au repos, très vite un sentiment de bonheur vous envahit l'esprit. Un sommeil optimal est gage de confort » dira-t-elle avec foi. Une invitation au voyage intérieur et à la méditation.
Pauline Weber