Cartier : la conquête du sommet
Il s’installe en 1859 boulevard des Italiens, dans un quartier réputé pour son effervescence. C’est dans cette boutique qu’il fidélise, avec son fils Alfred, une clientèle de marque qui compte à la fois une bourgeoisie d’affaires nouvellement enrichie et d’éminents personnages de la cour de Napoléon III, telles la comtesse de Nieuwerkerke puis la princesse Mathilde. Peu de bijoux vendus par Cartier dans les années 1860-1880 sont aujourd’hui identifiés, mais les pièces rassemblées ici témoignent de l’éclectisme de cette période. Au fur et à mesure que Cartier conquiert son statut de « joaillier des rois », camées et châtelaines disparaissent au profit du style dit « guirlande ». Cette joaillerie grandiose, favorisée par la découverte de mines de diamants en Afrique du Sud à la fin des années 1860, mise sur l’opulence des pierres et la référence à l’Ancien Régime.
Une maison au coeur de Paris
L’inauguration de la nouvelle boutique au 13, rue de la Paix, en novembre 1899, constitue un tournant dans l’histoire de la Maison Cartier. Suggéré par Louis, associé aux affaires à partir de 1898, ce déménagement permet de répondre aux attentes croissantes d’une riche clientèle cosmopolite. Le joaillier tisse alors des liens étroits avec Worth, premier grand nom de la haute couture. Traité dans un esprit néoclassique, le décor de la boutique est conforme à l’image élégante de la Maison.
Désormais, le stock n’est plus tributaire du répertoire de fabricants indépendants, comme c’était le cas au XIXe siècle ; il est le fruit du travail d’ateliers parisiens œuvrant en exclusivité pour Cartier. Les dessinateurs sont quant à eux incités à puiser leur inspiration dans les ouvrages et les antiquités que Louis Cartier met à leur disposition. L’évolution du style du joaillier est ainsi perceptible dès la lecture des « cahiers d’idées », sur lesquels sont couchés quantité de petits croquis.