Hopper, un architecte de la lumière

18 octobre 2012

Par Stéphane Renault, Beaux Arts magazine

Hopper disait « n’aspirer qu’à peindre les rayons du soleil découpant une architecture. » Du succès de ses premières vues d’un petit port de la côte Est aux buildings new-yorkais, en passant par sa maison de Cape Cod dont il dessine les plans, l’architecture est omniprésente dans son œuvre.

Lumière. Espace. Deux constantes chez Hopper. Très tôt intéressé par l’architecture et les bateaux, le peintre s’envisage d’abord architecte naval. A 31 ans, il doit sa première reconnaissance commerciale à Sailing, un voilier, vendu à l’Armory show. Jusque là, il a vécu de son activité d’illustrateur publicitaire. Tout change en 1924. Il rapporte une série d’aquarelles de Gloucester, villégiature d’artistes en Nouvelle-Angleterre. Des vues extérieures de bâtisses, dans le style des pionniers américains. La critique encense son exposition au Brooklyn Museum of Arts. A 40 ans passés, il peut se consacrer pleinement à son art. Le couple qu’il forme désormais avec Josephine s’installe dans un atelier de Washington square, dans le quartier de Greenwich village. Paysages urbains, lignes architecturales traversées d’un trait de lumière, néons projetés sur les murs des brownstones new-yorkais se succèdent dans ses toiles.

Avant même de séjourner dans la Ville Lumière (à trois reprises, en 1906, 1909 et 1910), Hopper découvre les photographies d’Eugène Atget. Leur éclairage intimiste, quasi métaphysique - captation de la métamorphose de quartiers parisiens voués à la démolition - se retrouve dans les tableaux du monument de l'art figuratif américain. A ses yeux : « Paris est une belle et élégante cité, presque trop policée et charmante comparée au désordre brutal de New York. » Pareille harmonie architecturale l’enchante : « Pas une seule note de couleur ne fait dissonance avec les tonalités éteintes des façades. » Le jeune Américain à Paris occupe une chambre mansardée rue de Lille, adopte le style impressionniste, apte à traduire les nuances de la lumière dans la cour de l’immeuble, sur le pavillon de Flore du Louvre, les quais de Seine. Plus tard, il confessera avoir toujours aimé les longues ombres des premières et dernières heures de la journée. Vouloir peindre la lumière à l’état pur. Et cette difficulté : parvenir à la saisir dès lors qu’elle éclaire une forme qui l’obscurcit, la détruit. Le dessein d’une vie.

 

Summertime, 1943 - Edward Hopper, Delaware Art Museum, Wilmington, USA © Bridgeman 2012

Summertime, 1943 - Edward Hopper, Delaware Art Museum, Wilmington, USA / © Bridgeman 2012

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