Pas de femme sans intrigue. Le contraire non plus. C’est le credo d'Helmut Newton. C’est ce qui fait qu’il traite la mode comme un fait divers. Sur ses photos, les top-modèles et les célébrités deviennent héroïnes de romans noirs. Catherine Deneuve, braquée par un flingue, pourrait faire la couverture d’une édition de Détective.
Newton trouvait sa source d’inspiration dans les colonnes des faits divers. Jeune déjà, il se passionnait pour la « Yellow Press », cette presse à scandale anglo-saxonne dont les origines remontent à la fin du XIXe siècle. De cette vision sombre et fantasmée de la nature humaine, Newton a défini ses propres codes esthétiques pour révolutionner la représentation de la femme. Bourgeoises nues posant dans des positions scabreuses et des situations incongrues comme lors de soirées coquines, scènes de meurtre ou de violence. Une bonne partie de son œuvre photographique sent le souffre.
Dans un polar, ses photos serviraient à faire du chantage. On les verrait bien pièces à conviction, planquées dans un coffre fort avant de ressortir pour un règlement de compte ou un lors d’un procès. Chaque photo est une mise en scène. Le point d’orgue d’une histoire. A chacun d’imaginer l’avant et l’après, le coupable ou la victime. Helmut n’est pas Marlowe. Il ne se met pas dans la peau d’un détective. Lui, il a l’âme du paparazzi. Il est l’intrus, le voyeur qui ne se contente pas de regarder par le trou de la serrure. S’il n’est pas invité, il entre par effraction même dans les lieux les plus intimes.
En ces instants, où règnent l’improbable et le bizarre, où tout peut basculer au 125e de seconde, Newton en maître du genre dépasse le « politiquement correct ». Il parle des gens, des femmes surtout, de leurs travers, de leurs vices et de leurs mystères. Pour lui, elles ont toujours quelque chose à cacher. Ses photos en sont la preuve.
