Niki de Saint Phalle et le cinéma
Niki de Saint Phalle fascine le cinéma. Dans les années 1950, Robert Bresson lui propose le rôle de Guenièvre pour Lancelot du lac. Elle le refuse et le film ne se tournera qu’en 1974 avec Laura Condominas, la fille de Niki. Très médiatisés, les Tirs se retrouvent cités par Jacques Demy dans Les Demoiselles de Rochefort en 1967. Alors que Catherine Deneuve vient de rompre avec Jacques Riberolles, on voit le galeriste tirer sur des ballons remplis de peinture aux côtés d’œuvres inspirées de Calder et Vasarely. On ne sait s’il s’agit là d’un hommage ou du simple constat du succès du Nouveau Réalisme, mais on est loin de la caricature que Claude Chabrol faisait du travail d’Yves Klein en 1961 dans Les Godelureaux.
A l’instar d’autres Nouveaux Réalistes (Martial Raysse, Raymond Hains, Jacques Villeglé), Niki va tourner des films. Si le projet Nana Island ne dépasse pas l’étape du script, elle se lance en 1972 dans le tournage de Daddy. Débutant comme une « bedtime story » (1), le film raconte lors de flashbacks en noir et blanc les jeux troublants et incestueux d’un père avec sa fille au son d’une version déprimée de My heart belongs to daddy, puis la vengeance en couleur d’Agnès adulte. Mise à mort symbolique de son père par l’artiste, ce conte violent et exutoire dépasse le seul récit biographique en mêlant aux souvenirs de Niki les obsessions du coréalisateur, Peter Whithehead. Le film est projeté en 1973 au MoMA à New York, puis à Paris et choque tant par le propos que par la violence affichée.
Elle se lance ensuite, avec Frédéric Mitterrand, puis Laurent Condominas, dans le script de Camélia et le dragon, finalement intitulé Un rêve plus long que la nuit, récit initiatique d’une jeune fille à la recherche de l’amour. Elle réalise le film avec ses proches comme acteurs et techniciens : sa fille est Camélia, Jean Tinguely son père… Succession d’aventures oniriques et surréalistes (un harem, des danses barbares…), le film ne rencontre que peu d’écho.
Si Niki porte encore d’autres projets (une adaptation du Compagnon de voyage d’Andersen, un film avec François Reichenbach), ils ne se concrétisent pas. Son dernier film est une adaptation animée avec son fils Philip de son livre Le sida, tu ne l’attraperas pas en 1990.
1. Le générique présente le film comme une « bedtime story », un conte, et s’ouvre par la phrase « Once upon a time » : il était une fois.
Mickaël Pierson
LES FILMS DU VENDREDI 12h
Un rêve plus long que la nuit / Camélia et le Dragon de Niki de Saint Phalle, 1975, 1h30
Vendredi 7 novembre
Daddy de Niki de Saint Phalle et Peter Whitehead, 1973, 1h23
Vendredi 16 janvier