- Chronologie

Extraits de la chronologie du catalogue {Picasso et les maîtres} (Établie par Anaïs Bonnel)

25 octobre 1881

Naissance à Malaga de Pablo, premier enfant de la famille.

1888 - 1889

Picasso qui dessine depuis son plus jeune âge commence à peindre, sous l’impulsion de son père.

1895

Juillet :

Picasso visite le Prado et découvre les toiles des maîtres espagnols Velázquez, Goya, Zurbarán.

15 et 30 septembre :

Pablo s’inscrit à l’Ecole des Beaux-Arts ({La Lonja}). Il est brillamment
admis aux épreuves d'entrée du cours supérieur, section art classique et nature morte.

Septembre - octobre 1897

À Madrid et il réussit le concours d'admission à l'Académie des Beaux-Arts de San Fernando et s’inscrit aux classes de paysage, de dessin d'après l'antique et d’étude de draperie. Son ami Francisco Bernareggi Calderón explique qu’avec Picasso ils étudiaient et copiaient huit heures par jour au Musée du Prado.
De plus en plus réfractaire à l’enseignement officiel, il abandonne les cours de l'Académie San Fernando.

1899

Picasso débute un dialogue avec l’artiste El Greco qui se poursuivra toute sa vie. Picasso s’identifie fortement à l’artiste comme le montre un de ses dessins sur lequel est inscrit « Yo, el Greco » [Moi, el Greco] (Barcelone, Museu Picasso)

Octobre 1900

À Paris, il explore le Louvre, plus particulièrement la section des Antiquités et le musée du Luxembourg. Il peint {Le Moulin de la Galette} (New York, The Solomon R. Guggenheim Museum), à la fois hommage à Renoir dont il a sûrement vu {Le Moulin de la Galette} au Musée du Luxembourg et à Lautrec et à son {Bal du Moulin Rouge}.

1901

Picasso, alors âgé de dix-neuf ans et demi, inscrit sur son autoportrait « Yo, Picasso » [Moi, Picasso] et pose à la manière de Nicolas Poussin dans son autoportrait qu’il a admiré au musée du Louvre.

Mi-janvier :

Madrid, Tolède. Picasso réalise durant l’hiver ses premiers portraits bleus et des maternités.

Septembre - octobre :

Mort de Toulouse-Lautrec, le 9 septembre. Picasso, alors influencé par son oeuvre, en est très affecté. Cette année de 1901 marque aussi sa rencontre avec Manet et se manifeste par un dessin, parodie du chef-d’oeuvre {Olympia}.

1902

Redécouverte de l’oeuvre du Greco. Il développe une monochromie bleue.

Décembre :

Dans {Mercure de France}, Charles Morice salue sa «précocité effrayante». Le critique, ami de Gauguin, lui offre un exemplaire du livre Noa-Noa. On sent d’ailleurs dès 1902-1903 une première influence de Paul Gauguin dans un dessin de Picasso intitulé {Autoportrait au nu couché} s’inspirant de la composition de {L’Esprit des morts
veille} (Manao tupapau) qu’il a dû voir en 1901 chez Ambroise Vollard.

1903

Picasso retourne à Barcelone et peint {Le vieux juif} (Moscou, The Pushkin State Museum of Fine Arts), {Le Vieux Guitariste} (The Art Institute of Chicago), {Le Repas de l'Aveugle} (New York, The Metropolitan Museum). Par leur allongement maniériste, toutes ces oeuvres évoquent les déformations anatomiques des personnages de l’univers pictural de El Greco.

Eté - automne :

Il reçoit une commande de son ami Soler. Il peint d’après photographie un déjeuner sur l’herbe ({La Famille Soler}, Liège, Musée d’art moderne et d’art contemporain) et deux portraits de Soler et son épouse : {Portrait de Benet Soler} (Saint Pétersbourg, Musée de
l’Ermitage) et {Portrait de Madame Soler} (Munich, Bayerische Staatsgemäldesammlungen).

Avril 1904

Paris, il s’installe au Bateau- Lavoir.

24 mars - 30 avril 1905

Rétrospective Van Gogh au Salon des Indépendants

Eté - automne :

Picasso est impressionné par la rétrospective {Manet} au Salon d'Automne. Il découvre le {Bain turc} d'Ingres.

1906

Au Louvre, il découvre la sculpture ibérique dans une exposition présentant les fouilles récentes des sites d’Osuna et de Cerro de los Santos, en Andalousie.

Mars :

Vollard expose des oeuvres de Cézanne.

Avril :

Il peint le {Meneur de cheval nu} (New York, The Museum of Modern Art) qui fait référence à la toile {Saint Martin et le mendiant} du peintre El Greco. Picasso prend pour modèle les jeunes hommes au physique archaïque de sculptures de Kouroi qu’il a pu voir au musée du Louvre.
Juillet. Gósol, village isolé de Haute Catalogne. Il peint {Les Deux frères} (Paris, Musée Picasso) et {Grand nu debout} (New York, The Museum of Modern Art) dans une dominante ocre rose qui donnera son nom à la « période rose ». Ces adolescents nus de 1906 font écho aux baigneurs de Cézanne.

23 octobre :

Mort de Cézanne

1907

Au Louvre, sont accrochées, face à face, {L’Olympia} de Manet et {La Grande Odalisque} d’Ingres. Picasso réalise un grand dessin d’après {La Grande Odalisque} d’Ingres en s’attachant à la partie centrale du corps hachuré violemment.

3 mai 1913

Mort du père de Picasso

1917

17 février - fin mars :

Huit semaines en Italie. Il part avec Cocteau pour Rome où ils
rejoignent Diaghilev, directeur des Ballets russes, et la troupe des danseurs pour travailler aux décors et costumes de {Parade}. Il y rencontre Igor Stravinsky et noue des contacts avec les artistes futuristes romains. Il visite Pompéi puis Florence.
Picasso renoue avec la pratique de l’autoportrait. Ses dessins semblent être des hommages au peintre Ingres. D’autres dessins de Picasso s’inspirent des oeuvres du peintre néo-classique. Le dessin {Femme à la coiffe} (localisation inconnue) reprend une des figures de la toile {Tu Marcellus eris} (Bruxelles, Musée royaux des Beaux-Arts) et celui de {La villa Médicis à Rome} (Paris, Musée Picasso,) exécuté lors de son séjour à Rome rappelle l’ensemble de quinze dessins d’Ingres du Palais Médicis réalisé lors de sa découverte de l’Italie. (Montauban, Musée Ingres)

Automne :

Avec {Le repas des paysans, d’après Le Nain}, Picasso expérimente la technique du pointillisme sur l’oeuvre de Le Nain, {Repas de paysans}.

1918

12 juillet :

Picasso épouse Olga Koklova.

Fin septembre :

Paul Rosenberg devient son marchand.

Fin de l’année 1919

Mort de Renoir

Juillet - septembre 1921

Picasso séjourne à Fontainebleau. Il peint simultanément les grandes
compositions néoclassiques des deux versions de {Trois Femmes à la fontaine}.

1922

Picasso réalise {La Danse villageoise} (Paris, Musée Picasso) inspiré des danseurs de {La danse à la campagne} et {La danse à la ville} (Paris, Musée d’Orsay) de Pierre Auguste Renoir.

Juillet - septembre 1923

Royan puis au Cap d’Antibes.
Il y peint {La Flûte de Pan} (Paris, Musée Picasso), {L’entretien} (Genève, Galerie Krugier-Poniatowski), qui reprennent les canons de monumentalité et de beauté du monde antique et multiplient les études dessinées de baigneuses.

Janvier 1927

Picasso rencontre Marie-Thérèse Walter (1907-1977), âgée de 17 ans.

25 octobre1931

{Les Métamorphoses d'Ovide} sont publiées chez Albert Skira avec 30 eaux fortes de Picasso.

Janvier - mars 1932

Figures de femmes inspirées par Marie-Thérèse : {Le Rêve} (collection
particulière), {La Lecture} (collection particulière) {Nu au fauteuil noir}, (collection particulière) {Le Miroir}, 14 mars (collection particulière), L’aboutissement en est la {Jeune fille devant un miroir} datée du 14 mars (New York, The Museum of Modem Art). Sur ces images de
Marie-Thérèse plane le fantôme d’Ingres et nombreux portraits de femme comme celui de {Madame Moitessier} (Londres, The National Gallery) et {l’Odalisque à l’esclave} (Cambridge, Fogg Art
Museum).

17 - 30 septembre :

Il reprend le thème de la {Crucifixion} dans une série de dessins à l’encre d’après le Retable d’Issenheim de Grünewald (Colmar).

Janvier - février 1934

La présence de Rembrandt dans l’oeuvre de Picasso se manifeste pour la première fois dans des gravures de la {suite Vollard} telles que {Rembrandt au "turban", aux "fourrures" et à l'"oeil d'éléphant », Feuille d'études. Profils de Marie-Thérèse et tête de Rembrandt au béret et Rembrandt et jeune fille de profil} (Paris, Musée Picasso)

1935

Une exposition des chefs-d’oeuvre du musée de Grenoble est organisée au Petit Palais à Paris où Picasso aurait pu admirer les oeuvres de Zurbarán qu’il cite à Kahnweiler lors de l’un de ses entretiens. (Daniel-Henry Kahnweiler, « Huit entretiens avec Picasso », {Le Point}, Mulhouse, n°XLII (octobre 1952)

5 septembre :

Marie-Thérèse donne naissance à une fille, Maria de la Concepción, surnommée Maya.

Novembre:

Picasso est présenté à Dora Maar par Eluard au café des Deux Magots. Dora propose à Picasso de poser pour des portraits.

1936

18 juillet :

L’échec du {pronunciamento} lancé par le général Franco contre le gouvernement républicain déclenche la guerre civile en Espagne.
Série d’ « Arlésiennes », dont le {Portrait de Lee Miller en arlésienne} (Paris, Musée Picasso), inspirées d’oeuvres de Van Gogh telle que {L’arlésienne (Madame Ginoux)} (Paris, Musée d’Orsay).
Il découvre l’antique village de potiers de Vallauris et réalise quelques pièces de céramiques.

19 septembre :

Picasso est nommé directeur honoraire du Prado par la République espagnole.

1937

8 - 9 janvier :

Il grave la série {Songe et Mensonge de Franco}, première oeuvre antifranquiste, qui doit être vendue sous forme de cartes postales pour soutenir le gouvernement républicain et seront reproduites dans {Cahiers d’art} (n°1-3). Le jeu de mot du titre de cette oeuvre fait écho à celui utilisé par Goya pour l’une de ses gravures {Sueño de la mentira y de la inconstancia} (« songe du mensonge et de l’inconstance »). Les gravures de Picasso comme celle de Goya dans la
suite des {Désastres de la Guerre}, décrivent la barbarie militaire.

26 avril :

Bombardement de {Guernica}

Octobre-décembre :

Série de {La Femme qui pleure}.
Références à l’iconographie religieuse espagnole du dix-septième siècle avec la {mater dolorosa}.
Il évoque aussi une peinture du musée du Prado de Madrid lors de l’un de ses entretiens avec Daniel-Henry Kahnweiler : « Le Titien a une Dolorosa très bonne ». (« Gespräche mit Picasso », {Jahresring} 59/60, Stuttgart, 1959.) De plus, il conservait une reproduction de {La Virgen de los Dolores} de Murillo du Musée du Prado (Musée Picasso).

Juillet - fin septembre 1938

Mougins. Série d’autoportraits en hommage à Van Gogh dont {l’Homme au chapeau de paille et cornet de glace.}

1939

13 janvier :

Mort de la mère de Picasso à Barcelone.

Octobre :

Il réalise une série de têtes de mouton, thème traditionnel de la nature morte espagnole, comparables à celles de Goya.

1940

Carnet de dessins de Royan daté du 10 janvier-26 mai 1940 comporte cinq études avec l’inscription {Les Femmes d'Alger} par Delacroix (Paris, Musée Picasso).

9 mai 1941

Picasso achève la grande toile {L’Aubade} (Paris). Il reprend le thème classique de la sérénade, en s’inspirant en particulier de la {Vénus se divertissant avec l’Amour et la Musique du Titien}, qu’il a pu voir lors de ses nombreuses visites au Musée du Prado de Madrid.

Mai 1943

Il rencontre, par l’intermédiaire de l’acteur Alain Cuny, Françoise Gilot, jeune peintre de 22 ans.

1944

24 au 29 août :

Il peint à l’aquarelle et à la gouache une variante (non localisée) de la
bacchanale du {Triomphe de Pan} de Nicolas Poussin (Paris, Musée du Louvre ou Londres, National Gallery). Cette composition contient déjà la source thématique et stylistique de {La Pastorale} de 1946 qui va se déployer sur les murs du château d’Antibes et sur le panneau de {La Paix} à Vallauris en 1952.

6 octobre :

Le Salon d'Automne de la Libération est consacré aux oeuvres interdites d’exposition durant l’Occupation par les nazis et taxées « d’art dégénéré ». C’est la première fois que l’artiste expose au Salon. Après le vernissage, un scandale se déchaîne. Un groupe de jeunes d’extrême-droite décrochent des toiles de Picasso exposées au Salon
d’automne. L’exposition doit être gardée par des agents de police.

Mi-septembre - mi-novembre 1946

Il peint une vingtaine d'oeuvres aux thèmes méditerranéens :
natures mortes avec poissons, oursins, poulpes, pastèques, figures, des faunes avec la grande composition mythologique {La Joie de vivre} inspirée des bacchanales de Poussin telle que {La Grande Bacchanale} (Paris, Musée du Louvre).

1947

Série de lithographies datées de 1947-1949 (Paris, Musée Picasso), inspirée du tableau de Cranach intitulé {David et Bethsabée} (Berlin, Gemäldegalerie).

Mai :

Picasso, sur une suggestion de Georges Salles (Directeur des musées de France) et Jean Cassou (Directeur du Musée National d’Art Moderne), consent un don au Musée National d’Art Moderne de dix
toiles importantes dont {L'Atelier de la modiste}, 1926, {L'Aubade}, 1942, {La Casserole émaillée}, 1945, la {Femme assise dans un rocking-chair}, 1943 et de plusieurs portraits de Dora Maar.
Avant qu’elles intègrent le musée d’art moderne, Georges Salles invite Picasso à faire voisiner ses toiles avec celle de Zurbarán.
{L’exposition du corps de Saint Bonaventure}, puis avec {Le Massacre de Scio} et {Les Femmes d’Alger} de Delacroix, avec les toiles de Courbet {L’Atelier et L’Enterrement à Ornans}.

15 mai :

Naissance de Claude

1949

Diverses gravures d’après l’oeuvre de Cranach {Vénus et l’Amour}.

19 avril :

Naissance de Paloma

Février 1950

Il reprend deux tableaux : le {Portrait d’un artiste} de El Greco (Séville, Museo de Bellas Artes) et les {Demoiselles des bords de Seine} de Courbet (Paris, Musée d’art moderne de la ville de Paris) qui deviennent {Portrait d'un peintre} d'après le Greco (Lucerne, Picasso
Ammlung der Staaf Luzerni, Donation Rosengart) et {Les Demoiselles des bords de Seine} d’après Courbet (Bâle, Kunstmuseum).

Juin 1954

Rencontre avec Jacqueline Roque à la galerie Madoura.

Juin 1955

Picasso achète à Cannes, une grande bâtisse Belle Epoque, appelée {La Californie}.
L’importante rétrospective « Picasso, peintures 1900-1955 » qui se tient de juin au mois d’octobre au Musée des Arts décoratifs à Paris, présente la série des {Femmes d’Alger} d’après Delacroix.

17 août - 30 décembre 1957

Examen approfondi des {Ménines} de Velázquez (Madrid, Museo del Prado).
Réalisées au dernier étage de {La Californie} quarante-quatre variations d’après la toile du maître espagnol (Barcelone, Museu Picasso).

1958

Picasso achète le château de Vauvenargues, construction du XIVe siècle, situé près d’Aix-en-Provence au pied de la montagne Sainte-Victoire.

Août 1959

À Vauvenargues, les variations autour du {Déjeuner sur l'herbe} d’après Manet. Ce projet couvrira une dizaine de périodes distinctes de travail, échelonnées entre août 1959 et décembre 1961 et sera menée dans les trois différents ateliers de Vauvenargues, de La Californie et de Mougins.

2 novembre 1960

La lithographie {Hommage à Bacchus} (Graphikmuseum Pablo Picasso Münster) qui reprend la composition de la toile {Le triomphe de Pan} (Londres, National Gallery), de Poussin.

1962

Octobre-novembre :

{Nature morte, chat et homard} (Hakone Open-Air Museum) fait allusion à {La Nature morte au homard} de Delacroix (Paris, Musée du Louvre).

Hiver :

Diverses versions de {L’Enlèvement des Sabines}. Son inspiration est triple {Le Massacre des innocents} de Poussin (Chantilly, Musée Condé), {L’enlèvement des Sabines} de Poussin et {Les Sabines} de David. Picasso avait demandé à Héléne Parmelin de lui fournir des diapositives des oeuvres {Le Massacre des innocents} de Chantilly et des {Sabines} de David. C’est dans cette « chambre à peinture » que l’appareil de projection était installé et les images flottaient sur les murs de Notre-Dame-de-Vie.

Février 1963

Série du {Peintre et son modèle}. La Variation {Rembrandt et Saskia d’après Rembrandt} (collection particulière) du 13, 14 mars et {Le Peintre et son modèle} (Munich, Staatsgalerie moderner Kunst) en juin en constituent des pièces majeures.

Janvier - mai 1964

Série d'une vingtaine de toiles inspirées par l’{Olympia} de Manet (Paris, Musée d’Orsay). Une femme nue jouant avec un chat ou un oiseau y prend souvent les traits de Jacqueline tel que {Nu couché jouant avec un chat} (Bâle, Fondation Beyeler).

16 avril 1965

Il s’inspire des oeuvres de Rembrandt {Femme se baignant} ({Hendrickje Stoffels}) (Londres, National Gallery) et de la gravure {Femme pissant} (Amsterdam, Rijksmuseum) pour réaliser la grande toile provocante {La Pisseuse} (Paris, Musée National d’Art Moderne).
Représentée à la grecque, elle fait référence à la fois à la peinture hollandaise mais aussi aux sources antiques.

14 juin 1967

{Nu couché} (Paris, Musée Picasso) qui fait partie d’une séquence de nus en raccourcis de face, fait écho à la {Maja desnuda} de Goya (Madrid, Museo del Prado).

1969

Trois-centième anniversaire de Rembrandt.

Février :

Thème du mousquetaire fumant accompagné d’un cupidon comme {Personnage rembranesque et Amour} (Lucerne, Picasso Ammlung der Staaf Luzerni, Donation Rosengart) et {Mousquetaire et cupidon} (Cologne, Museum Ludwig). Ces oeuvres prennent leur source dans une oeuvre de Rembrandt {Portrait de Jan Pellicorne et son fils Caspar} (Londres, Wallace Collection).

27 mars :

Clin d’oeil au {Triple portrait de Richelieu} par Philippe de Champaigne
(Londres, National Gallery) avec {Tête de mousquetaire, le Cardinal Richelieu} (Montréal, Musée des Beaux-Arts).

Eté :

D’après le {Portrait du nain Sebastián de Morra} de Velázquez (Madrid, Museo del Prado), le bouffon de la cour du roi Philippe IV, Picasso peint diverses variations : {Homme assis à l’épée et à la fleur} (Collection particulière), {Le Nain} (Collection particulière), {Adolescent} (Collection particulière).

Octobre 1970

{Le Matador} (Paris, Musée Picasso) peut être rapproché du {Matador saluant} de Manet et {Nu couché et homme jouant de la guitare} reprenant le thème de la sérénade comme l’oeuvre du
Titien {Vénus se divertissant avec l’Amour et la Musique} (Madrid, Museo del Prado).

21-31 octobre 1971

90e anniversaire de Picasso, une sélection d'oeuvres des collections
publiques françaises, aujourd’hui conservées au Musée national d’art moderne, Centre Georges Pompidou, est présentée dans la Grande Galerie du Louvre. Cet hommage rendu par le gouvernement français est exceptionnel puisque aucun artiste de son vivant n’avait exposé
dans la Grande Galerie du Louvre. Héléne Parmelin nous rapporte un propos ironique de Picasso : « Parle-moi avec respect, je vais m’accrocher au Louvre ! » (Hélène Parmelin, {Voyage en Picasso}, Paris, éditions Robert Laffont, 1980)

Juin - juillet 1972

Série d'autoportraits où la tête devient parfois masque de mort aux yeux exorbités comme la gravure {Tête d'homme} du 4 juillet 1972 à la manière de l’{Autoportrait de Rembrandt au chapeau, bouche ouverte et regardant fixement} (Amsterdam, Museum het Rembrandthuis). Il poursuit la peinture à une cadence effrénée jusqu'au 18 août.

1973

8 avril :

Picasso meurt au Mas Notre-Dame-de-Vie à Mougins.

23 mai-23 septembre :

Durant cette période a lieu au Palais des Papes à Avignon l’exposition
« Pablo Picasso, 1970-1972 », d’après une idée des époux Zervos, afin de découvrir les dernières oeuvres sélectionnées par Picasso lui-même en vue de cette manifestation.

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- Dialogues avec les Grands Maîtres

Propos rapportés de Picasso
(Etabli par Marie-Laure Bernadac, Anaïs Bonnel et Claire Bernardi)

Picasso et l’Antique :

- "Raphaël est un grand maître. Velasquez est un grand maître. Le Greco est un grand maître, mais le secret de la beauté plastique se trouve plus loin : chez les Grecs au temps de Périclès."
Felipe Cossío Del Pomar, {Con las Buscadores del Camino}, Madrid, Ediciones Ulises, 1932, p. 109

Picasso et l’histoire de l’art :

- "Eh bien, dit-il, Léger a toujours prétendu que « la peinture est comme un verre de gros rouge », vous savez pourtant comme moi que tous les peintres n’en boivent pas. Ils peignent aussi avec autre chose que cela, naturellement ! Léonard de Vinci était à mi-chemin de la vérité quand il écrivait que la peinture est chose mentale. Cézanne, lui, osa affirmer, qu’ « on peint avec ses couilles ». Personnellement, je crois que la vérité, c’est Léonard de Vinci, plus Cézanne. Mais, en tout cas, le gros rouge ne suffit pas."
Françoise Gilot et Carlton Lake, {Vivre avec Picasso}, Paris, Calmann-Levy, 1965, p. 267

- "Ce sont nous, les peintres, les vrais héritiers, ceux qui continuent à peindre. Nous sommes les héritiers de Rembrandt, Velázquez, Cézanne, Matisse. Un peintre a toujours un père et une mère, il ne sort pas du néant…"
Mercedes Guillén, {Picasso}, Ediciones Alfaguara, Madrid, 1973, p. 154

Copie, variation, pastiche :

- "On a dit qu’à mes débuts à Paris je copiais Toulouse-Lautrec et Steilen. Possible, mais jamais personne n’a confondu les toiles de Toulouse-Lautrec ou de Steilen avec les miennes. Il vaut mieux copier un dessin ou un tableau qu’essayer de s’en inspirer, de faire quelque chose d’approchant. Dans ce cas on risque de ne peindre que les défauts du modèle. Un atelier de peintre doit être un laboratoire. On n’y fait pas un métier de singe, on invente. La peinture est un jeu d’esprit."
André Warnod, {« En peinture tout n’est que signe », nous dit Picasso} , in Arts, Paris, n°22, 29 juin 1945

- "Le fait que je peigne un si grand nombre d'études fait simplement partie de ma façon de travailler. Je fais cent études en quelques jours, tandis qu'un autre peintre peut passer cent jours sur un seul tableau. En continuant j'ouvrirai des fenêtres. Je passerai derrière la toile et peut-être quelque chose se produira."
Roland Penrose, {Picasso}, Paris, Flammarion, 1982. Traduction française de Jacques Chavy et Paul Peyrelevade, p. 468

Picasso et les musées :

- "Parle-moi avec respect, je vais m’accrocher au Louvre !"
- "Tu as vu ? Quelle idée !... C'est gentil. C'est très gentil pour moi. Mais qu'est-ce que ça change ?..."
- "Tu crois qu’ils (les peintres du Louvre) vont être furieux ? Ils vont tous se lever la nuit pour me pousser dehors ?"
- "Alors il faut remercier ? Tu sais aujourd'hui ils me mettraient même au Panthéon !"
Hélène Parmelin, {Voyage en Picasso}, Paris, éditions Robert Laffont, 1980, p. 62-63

- "Quand on était avec Braque, on disait : "il y a le Louvre, et il y a Dufayel". Et on jugeait tout avec ça. C'était notre façon de juger la peinture qu'on regardait. On disait : "ça, non, ça c'est encore le Louvre.... Mais là, là, il y a un tout petit peu de Dufayel !"
Hélène Parmelin, {Picasso dit…}, Paris, Editions Gonthier, 1966, p. 40-41

Picasso et les Maîtres :

- "Si

Cézanne

est Cézanne, c’est bien pour cela : quand il est devant un arbre, il regarde attentivement ce qu’il a devant les yeux ; il le regarde fixement, comme un chasseur qui vise l’animal qu’il veut abattre. S’il tient une feuille, il ne la lâche pas. Tenant la feuille, il
tient la branche. Et l’arbre ne lui échappera pas. Même s’il n’avait que la feuille, c’est déjà quelque chose. Un tableau, souvent, ce n’est que cela…Il faut y mettre toute son attention…Ah !Si seulement tout le monde en était capable !"
Jaime Sabartés, {Picasso. Documents iconographiques}, Genève Pierre Cailler, Éditeur, 1954. Traduction française de Félia Leal et Alfred Rosset, p. 72

- "Au début du XIX° siècle, le néo-classicisme était de mode. David, pour se rapprocher de ses modèles romains, concevait et réalisait à l’atelier des compositions hiératiques et statiques. Puis, un jour, vint un homme qui affirma : « Je ne veux pas peindre des anges, parce que je
n’en ai jamais vu. » C’était

Courbet

. Il préférait représenter deux jeunes filles étendues sur les berges de la Seine. Il emmena ses modèles en plein air et les peignit. […]."
Françoise Gilot et Carlton Lake, {Vivre avec Picasso}, Paris, Calmann-Levy, 1965, p. 278

- "Attends je vais te montrer quelque chose !" dit Picasso à Brassaï venu lui rendre visite à Mougins en mai 1971. Il disparaît dans sa caverne, raconte le photographe, m’en apporte un monotype de

Degas

somptueusement encadré : une scène dans une maison close. « C’est la Fête de Madame. Un chef-d’oeuvre. Tu ne trouves pas ? Eh bien ! Tu vois, je m’en suis inspiré pour une série d’eaux-fortes auxquelles je travaille en ce moment."
Pierre Cabanne, {"Degas chez Picasso", Connaissance des arts} n° 262, décembre 1973

{Rue des Grands-Augustins, 14 janvier 1955 :}
- "Picasso me fait monter, une fois de plus, au grenier, pour regarder, avec son neveu Fin, les tableaux d’après les Femmes d’Alger de

Delacroix

, auxquelles il travaille.
Picasso : « Je me demande ce que Delacroix dirait s’il voyait ces tableaux. »
Je lui réponds qu’il me semble qu’il comprendrait.
Picasso : « Oui, il me semble. Je lui dirais : « Vous vous pensiez à Rubens et vous faisiez du Delacroix. Ainsi moi, pensant à vous, je fais autre chose. »
Daniel- Henry Kahnweiler, « Entretiens avec Picasso au sujet des Femmes d’Alger », {Aujourd’hui, art et architecture}, Boulogne- sur- Seine, Paris, n°4 (septembre 1955), pp. 12-13

- "Il faut qu’on peigne comme

Ingres

." Cette volonté imagée revient souvent dans la conversation, « Ingres aujourd’hui, ça veut tout dire !…Il faut que nous soyons comme Ingres…"
Hélène Parmelin, {Voyage en Picasso}, Paris, éditions Robert Laffont, 1980, p. 183

- "La peinture c’est une affaire d’intelligence. On la voit chez

Manet

. On voit l’intelligence dans chaque coup de pinceaux de Manet (...)"
Alexander Liberman, {« Picasso », Vogue}, New York, 1er novembre 1956, p. 134

- "Picasso s’arrête maintenant un moment devant une photographie en couleurs de la chapelle Sixtine.
« J’y suis allé une fois. C’est Antonello Trombadori, qui m’y a emmené […] Maintenant que j’y pense, je me demande ce que la chapelle Sixtine a d’extraordinaire. c’est ce que j’aime le moins chez

Michel-Ange

…Le Père éternel, l’aile d’un ange ou un esclave sont PAREILS. Tout est à la même échelle, tout a la même proportion. La vérité c’est que je ne le comprends pas… »
Roberto Otero, {Lejos de España, encuentros y conversaciones con Picasso}, Dopesa, Barcelone, 1975. Traduit de l’espagnol par Christiane de Montclos, p. 191

{14 mai 1935 :}
- "Un peu plus tard, nous avons évoqué

Monet

. Picasso en parla en termes très respectueux, affirmant que son rôle fut peut-être plus important que celui de Cézanne. « Les ombres violettes, c’était vraiment une grande innovation. »
Daniel- Henry Kahnweiler, {« Picasso : « Ours is the only real painting », The Observer}, Londres, 8 décembre 1957, p. 8-9. Traduit de l’anglais par Dennis Collins

- "

Poussin

toujours magnifique. Géant. Mais on y pense pas souvent », dit Picasso."
Hélène Parmelin, {Voyage en Picasso}, Paris, éditions Robert Laffont, 1980, p. 75.

- "Quelques années plus tard, visitant une exposition de dessins d’enfants, il remarqua : « quand j’avais leur âge, je dessinais comme

Raphaël

, mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme eux. »
Roland Penrose, {Picasso}, Paris, Flammarion, 1982. Traduction française de Jacques Chavy et Paul Peyrelevade, p. 361

{23, rue La Boétie, 6 février 1934 :}
- "Imaginez-vous que j’ai fait un portrait de

Rembrandt

. C’est encore cette histoire de vernis qui saute. J’avais une planche à qui cet accident est arrivé. Je me suis dit : elle est abîmée, je vais faire n’importe quoi dessus. J’ai commencé à griffonner. C’est devenu Rembrandt. Ça a commencé à me plaire et je l’ai continué. J’en ai même fait un autre ensuite, avec son turban, ses fourrures, et son oeil d’éléphant, vous savez bien. Je suis en train de continuer cette planche pour avoir des noirs comme lui : ça ne s’obtient pas en une seule fois.
Daniel- Henry Kahnweiler, {« Huit entretiens avec Picasso », Le Point}, Mulhouse, n°XLII (octobre 1952), pp. 22-30

- "Vous souvenez-vous de l’extraordinaire phrase de

Van Gogh

: « Je peux bien, dans la vie et dans la peinture, me passer du Bon Dieu. Mais je ne peux pas, moi, souffrant, me passer de quelque chose qui est plus grand que moi, qui est ma vie, c’est…
-… la puissance de créer. » Il a raison, Van Gogh, il a bien raison, non ? Le besoin de création, c’est une drogue : il y a inventer, il y a peindre. »
André Malraux, {La Tête d’obsidienne}, Paris, Gallimard, 1974, p. 132

{29 bis, rue d’Astorg, 12 février 1935 :}
- "C’est encore meilleur que les Le Nain. Les Ménines, quel tableau ! Quelle réalité !

Vélasquez

est le vrai peintre de la réalité. Que ses autres tableaux soient bons ou mauvais, celui-ci, en tout cas, est admirablement, parfaitement réussi."
Daniel- Henry Kahnweiler, {« Gespräche mit Picasso », Jahresring 59/60}, Stuttgart, 1959. Traduit de l’allemand par Isabelle Kalinowski.

{14 mai 1935 :}
- "Je donnerais toute la peinture italienne pour

Vermeer

de Delft. Voilà un peintre qui disait simplement ce qu’il avait à dire sans se soucier de rien d’autre. Aucun de ces souvenirs de l’Antiquité chez lui."
Daniel- Henry Kahnweiler, {« Picasso : « Ours is the only real painting », The Observer}, Londres, 8 décembre 1957, p. 8-9. Traduit de l’anglais par Dennis Collins

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- Bibliographie sélective