Haïti - l'indigénisme

Haïti - l'indigénisme

8 January 2015
Si l'art indigène a toujours existé en Haïti, il ne s'affirme réellement et ne gagne en visibilité qu'avec l'éclosion du mouvement littéraire indigéniste, et la publication, en juillet 1927, de la Revue Indigène.

Prospère Pierre Louis, Homme, © Photo Ralph Torres

Perçue comme le manifeste d'une révolution qui s'amorce, cette dernière se veut le relais d'un courant de pensée né d'une prise de conscience nationaliste. L'impasse politique et la vulnérabilité auxquelles le pays est confronté dans les années 1910, incitent les Etats-Unis à l'occuper militairement de 1915 à 1934. Une nouvelle fois dépossédé de sa pleine souveraineté, après une difficile bataille pour l'indépendance, le peuple haïtien, alors confronté à des humiliations et au chaos, va opposer à l'occupant une résistance, en questionnant son identité.



Une conscience politique et culturelle voit ainsi le jour, qui se démarque des revendications exaltées par la guerre d'indépendance. Il n'est désormais plus question pour les maîtres à penser de l'indigénisme de se définir en tant que peuple métis. L'assimilation à l'Occident est dans une large majorité refusée, au dépend de l'affirmation d'une identité nègre dont l'Afrique est l'unique génitrice. A l'origine du mouvement, Jean Price-Mars interroge dans ses écrits les coutumes et traditions populaires héritées du continent noir. En dénonçant leur marginalisation, il ouvre la voie à l'esthétique développée dans la peinture indigéniste. Une création célébrant le monde rural, qui entend révéler le quotidien des paysans et leur culture. A cette époque où la ville et sa modernité ne leur offrent que peu d'espoir, la modernité picturale indigène célèbre leur authenticité identitaire, et inscrit au coeur de ses représentations les rapports dominants-dominés.

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