Andy Warhol et Roy Lichtenstein, « pop stars »

12 mai 2015
Expression utilisée pour la première fois en 1955 par Lawrence Alloway critique d’art britannique, le Pop Art tire son nom et ses racines dans la culture populaire et l’American Way of Life des années 60...

Andy Warhol, Liz #6. The San Francisco Museum of Modern Art, achat partiel et legs de Phyllis C. Wattis, 98.563 © The Andy Warhol Foundation for the visual Arts, inc. / Adagp, Paris 2015. Photo sfMOMA / Ben Blackwell

Apparu aux États-Unis en réaction à l’expressionnisme abstrait, ce courant artistique célèbre dans le monde entier par son large mode de diffusion, n’a pas échappé au regard affuté des Fisher. Leur collection présente à ce titre des œuvres mémorables des deux « stars du pop », à l’image respectivement de Red Liz, portrait sérigraphié de Liz Taylor par Andy Warhol et Tir de Roy Lichtenstein, un pneu très duchampien, reproduit à grande échelle et à l’allure démesurément géométrique…

 

« Le Pop Art est certainement l’une des choses les plus insolentes et effrayantes de notre civilisation. Le Pop Art regarde le monde, il semble accepter son environnement qui n'est ni bon ni mauvais, mais différent. » résume très justement Roy Lichtenstein.

 

Caractéristique d’un ordre socio-économique en mutation, le Pop Art se joue en effet des mythes fondateurs de la société de consommation, tant au niveau de ses comportements d’achat que sa manière de communiquer. En révélant l’utopie inhérente à ce modèle et l’aberration du système qui en découle, le Pop Art démontre avec ironie la dualité et l’ambivalence dans lesquelles objets du quotidien et médias nous entrainent.

 

Dans ses sérigraphies, Andy Warhol dévoile ainsi la superficialité désolante de la célébrité telle qu’elle est retranscrite par les médias et qui cache en filigrane destins brisés et existences tourmentées. En reproduisant et en démultipliant l’image de Marylin Monroe, Elvis Presley ou Liz Taylor, il les rend interchangeables. Faisant fi des stéréotypes, il nous rappelle aussi à quel point la vie matérielle peut nous bercer d’illusions et l’industrie publicitaire nous déposséder. Avec sa série Most Wanted Men, Andy Warhol intensifie ces questionnements sur l’identité et dessine en filigrane la trame de nos propres angoisses sur l’existence et la mort.

 

Roy Lichtenstein Tire 1962 huile sur toile 172,7 x 142,2 cm The Doris and Donald Fisher Collection at the San Francisco Museum of Modern Art et the museum of Modern Art, New York, don partiel de Doris et Donald Fisher en l’honneur de Kirk Varnedoe, 2001 © Estate of Roy Lichtenstein New York / Adagp, Paris 2015 © SFMOMA / photo Robert McKeever Icônes





De la même manière, chez Roy Lichtenstein, les affres du comportement humain se banalisent et s'uniformisent sous la trame dépersonnalisée des comics et la légèreté propre à l’entertainment, entrainant une confusion dans l’œil du spectateur. Véritable constante dans sa production artistique telle que nous la connaissons le plus, cette technique méticuleuse de reproduction basée sur les « ben-day dots », s’inspire des impressions en quadrichromie. Roy Lichtenstein l’a mobilisée également, à l’instar de ses variations, pour rendre hommage aux maîtres de l’art moderne comme Claude Monet ou Fernand Léger.

 

Derrière l’accessibilité haute-en-couleurs du Pop Art à l’origine de cet engouement généralisé de la part du grand public, se dissimule une fausse innocence nourrie par la trivialité du quotidien et que Arthur Danto nomme « la transfiguration du banal » pour reprendre le titre de son ouvrage à succès.





Pauline Weber

 

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