À peine l'Exposition de 1889 terminée que, déjà, on s'interroge sur celle de 1900. Et quand les journaux annoncent, en 1892, que la Prusse s'apprête à organiser une Exposition universelle à Berlin en 1900, il n'en faut pas plus pour que l'opinion publique française s'en émeuve et que le président de la République, Sadi Carnot, signe un décret fixant l'ouverture de l'Exposition de 1900 à Paris.
Car 1900 a une valeur hautement symbolique, formulée ainsi par le ministre du Commerce de l'époque, Jules Roche, dans son rapport au président de la République : « [1900] sera la fin d'un siècle de prodigieux essor artistique, scientifique et économique ; ce sera aussi le seuil d'une ère dont les philosophes prophétisent la grandeur et dont les réalités dépasseront sans doute les rêves de notre imagination ».
Au moment de clore le XIXe siècle pour entrer dans le XXe, il ne fait de doute pour personne que l'Exposition doit être somptueuse et dépasser encore en faste celle de 1889. Mais comment faire mieux ? On avait pour l'occasion construit la tour Eiffel et le palais des Machines, fait venir des tribus d'indigènes, installé une ligne téléphonique dans le quartier de l'Opéra, toutes choses fascinantes pour l'époque.
Qu'à cela ne tienne, on trouvera encore mieux. L'exploit ne sera pas technique mais architectural – et qui sait, peut-être les deux en même temps ! L'idée du Grand Palais commence à germer. Il s'agirait de créer un édifice consacré aux beaux-arts le long d'une nouvelle perspective reliant l'esplanade des Invalides aux Champs-Élysées, ce qui bouleverserait la face de la capitale. Pour mieux imposer ce projet, place à un concours d'idées. Et que le meilleur gagne !