L'expo Cartier de Miss Pandora au Grand Palais

13 décembre 2013
En me rendant au vernissage de l'exposition Cartier au Grand Palais, je me préparais certes à en prendre plein les mirettes, mais je ne m'attendais pas à ce voyage féérique et sensible à travers des décennies d'élégance.


© Miss Pandora



Voyage dans le temps





Dans l'éclat des parures et des diadèmes, c'était toute une époque qui ressurgissait devant mes yeux ébahis, si palpable que je pouvais presque m'y croire l'espace d'un instant, et je fus prise de cette émotion douce-amère que l'on ressent devant les plus fortes nostalgies, face aux merveilles d'un passé glorieux mais hélas enfoui.

Grâce à la magie de l'exposition, la vie parisienne scintilla de nouveau, et tandis que se reflétaient dans mon regard les reflets hypnotisants d'une myriade de tiares disposées en manège, toute une époque se mit à défiler devant moi...




© Miss Pandora

Au temps des cocottes





La Belle Epoque s'écrit en lettres de diamant, qui ne miroitent pas seulement sur le front des dames du monde, mais viennent également ruisseler dans les nuques des horizontales. Ainsi une cocotte bien lancée sait multiplier caprices et regards savants pour se faire couvrir de bijoux par ses admirateurs éperdus : "une grosse émeraude pour une nuit, une paire de boucles pour un rendez-vous de quelques minutes, un diamant de la taille d'un œuf pour satisfaire un grand-duc russe...

Dans ces conditions, on ne peut même plus dire qu'un homme soit laid !". D'ailleurs certaines aspirantes à la haute bicherie n’hésitent pas à porter fièrement d'outrageuses parures en toc, qui, la réussite venant, seront bientôt remplacées par des vraies.




© Miss Pandora



"Une châsse qui aurait fait forturne"





Si à la ville Liane de Pougy ne sort jamais sans son collier de perles à sept rangs, c'est dans le but non avoué d'exhiber des semelles serties de diamants que Cora Pearl multiplie sur scène les acrobaties ; quand à la Belle Otero, elle se charge de tant de pierres précieuses qu'elle ressemble « à une châsse qui aurait fait fortune. ». D'autres indiscrètes préfèrent le luxe coquin d'une jarretière serties de gemmes...Saphirs, topazes, rubis, opales et diamants exotiques, une cocotte à la mode se reconnaît à ses allures de sapin de Noël, d'autant plus que sa cote en est proportionnelle. Oubliez les délicats diadèmes de nos femmes du monde, dans le monde des grandes horizontales, la simplicité est d'un affligeant mauvais goût : « Ces chevaliers hérissés de joyaux, de tulle et de cils, ces scarabées sacrés armés de pinces d’asperges, ces Samouraïs en zibeline et en hermine... » nous en dit Jean Cocteau. Souvenez-vous de ce duel de haute-voltige entre Liane de Pougy et Otero....Plus qu'un accessoire de luxe, les parures sont aux cocottes ce que la plume est au paon !




© Miss Pandora



Le décadentisme et les gemmes





Symbole de son goût nauséeux pour l'excès de raffinement, la littérature décadente fit de la joaillerie un de ses thèmes majeurs, et les lueurs glauques des Antinoüs aux yeux d’émeraudes se mirent à hanter les rêveries de ses héros désabusés. Telles de précieuses fleurs exotiques, les gemmes se multiplièrent aux doigts des hommes de lettre, couverts de pierreries à en concurrencer la plus tapageuse des cocottes du bal Mabille, affichant « gemmes, colliers, bracelets, bagues-au-pouce-et-autres-doigts ». Dignes héritiers d'un Balzac paradant avec son pommeau d'or et de turquoises, Jean Lorrain et ses bagues semblables à des scarabées mordorés, Chéri et son caprice de perle rose montée en tête d'épingle.




© Miss Pandora

L'orientalisme à Paris





Grâce à l'explosion des Ballets Russes menés par Diaghilev, et le lyrisme strident de ses costumes chatoyants rêvés par Bakst, le monde se passionne pour l’orientalisme. Tandis que le jade et le corail se promènent sur les minaudières, les fantaisies de Poiret sur lesquelles se ruent les dames du monde affichent pompons et étoffes moirées.

Au diable les pantomimes des Folies Bergères, tous sont hypnotisés par la grâce d'Ida Rubinstein, qui fait tournoyer et virevolter sa coiffe Cartier sur la scène de l'Opéra de Paris, telle une Salomé sortie des fantasmes de Huysmans. Muse des Ballets Russes et de la future Café Society, la Casati fait de sa vie un art en déambulant en pantalons de harem aux couleurs acides, et danse dans son palais de Vénise sur des talons sertis de diamant, qui font écho au collier de pierres précieuses ornant le cou de son guépard favori...guépard qui inspira Jeanne Toussaint pour créer sa fameuse panthère...chez Cartier.





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