Velázquez : Peintre du Roi

23 avril 2015
Le roi n'a pas d'ami, il n'a que des sujets, des courtisans, des conseillers et... un peintre : Diego Velázquez, de six ans – seulement – son aîné...

Diego Velázquez, Philippe IV à cheval, après 1635, Florence, Palazzo Pitti, Galleria Palati © Archives Alinari, Florence, Dist. RMN-Grand Palais / Nicola Lorusso

Philippe IV est âgé de dix-huit ans lorsqu'il rencontre le peintre de Séville. Enfin un homme jeune à la Cour ! Il lui accorde une séance de pose pour un premier portrait : examen de passage réussi, il le nomme officiellement Peintre du Roi, une fonction qui leur permet de passer de nombreux moments en tête à tête.

Que se disent-ils dans l'intimité de l'atelier ? Parlent-ils de peinture, de politique, de la vie à la Cour ? On sait seulement que le roi apprécie fortement sa nouvelle recrue et le soutient dans son ascension, même contre l'avis de ses conseillers. C'est lui qui lui accorde la charge d'intendant général du palais (pour la première fois attribuée à un peintre) et le fait nommer chevalier de l'ordre de Santiago.



Le rôle de Velázquez dépasse donc largement celui de portraitiste officiel de la famille royale : il est responsable de l'aménagement et des travaux des palais royaux, et accompagne Philippe IV dans certains de ses déplacements. À l'évidence, le peintre a la confiance du monarque, qui doit même éprouver de la sympathie pour le maître sévillan. Si ce n'est leurs positions sociales trop éloignées, qui sait, ils auraient sans doute noué des liens d'amitié. Elle se devine parfois dans les regards, celui de Velázquez sur son modèle et celui du roi sur son peintre, empreints d'une forme de compréhension réciproque, presque d'affection.

Et quand Velázquez ose se représenter aux côtés de la toute jeune infante dans les célèbres Ménines, ce tableau que le roi conserve jalousement dans ses appartements privés, comment ne pas imaginer qu'entre ces deux-là s'est joué quelque chose qui ressemble à de l'amitié, dans le respect des conventions qui leur étaient imposées?





Sylvie Blin

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