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L'écrivain Eric Vuillard, Prix Goncourt 2017, nous parle des photographies de l'artiste Marc Blanchet. Huit tirages extraits de la série "La Nuit" seront exposés au Grand Palais dans l'exposition Noir & Blanc, et précédés du texte d’Eric Vuillard dont voici un extrait :
"On perce un petit trou dans une boîte, des formes apparaissent au fond ; la réalité semble prisonnière. C’est là un des ancêtres de la photographie. On ne photographie donc que de la lumière. Cependant, s’il n’y avait que ça, la feuille resterait blanche, c’est-à-dire noire. Les sels seraient brûlés.
La photographie se tient entre deux tentations : photographier la lumière et photographier la nuit. Ce sont aussi les deux erreurs techniques les plus redoutées : la surexposition et la sous-exposition. Mais le photographe rêve toujours de passer au-delà de la prise de vue, par-delà les contraintes techniques. Et c’est pourquoi, armé de son appareil, il marche dans la nuit. Il est chargé de nos fantasmes et de nos craintes, il est curieux de toute notre curiosité, il est avide de quelque chose, il ne sait peut-être pas quoi. Parfois, il prend la route. Les phares éclairent le macadam, les talus, les haies, quelques branches ; au-delà, il y a la nuit. De temps en temps, l’homme se saisit de son appareil ; il prend une photographie.
[…]
La nuit, au bord des routes, déroule devant nos yeux son grand écran de ténèbres, là où nous quittons le ruban de lumière des lampadaires et des phares. Il faut donc regarder de ce côté-là. Si l’on veut voir la nuit, non pas le noir, mais la nuit, il faut jeter un œil oblique vers la limite de nos vies humaines, au bord du chemin. C’est toujours au bord du chemin que le petit enfant rencontre la figure de son cauchemar. Mais dans les photographies de Marc Blanchet, pas trace de cauchemar. Le photographe habite une nuit séculière, dépouillée de nos peurs, une nuit profane.
Il ne s’appuie pas sur les sortilèges anciens, nulle allusion au surnaturel ; c’est bien. On va pouvoir traquer la nuit sérieusement. On va tâcher de voir la nuit, pas l’épouvante ou le frisson. A ce titre, ce sont des photographies adultes, mûres. Rien ne s’interpose entre l’homme et ce qu’il veut voir. Reste la déambulation hasardeuse, l’impulsion, le battement.
[…]
Ici, dans les photographies de Marc Blanchet, le sujet se manifeste dans sa propre disparition, puisque la nuit s’acquitte de le traduire. La nuit exprime nos tourments, notre nature de chose vivante, déterminée, réflexive. La nuit cache. La nuit promet. La nuit extériorise la matière pensante ; elle est une extrusion de l’homme, une sorte de miroir. On y voit juste assez pour se deviner. On n’y voit presque rien, comme en soi.
C’est pourquoi cette série de photographies répond à une question : « photographier quoi ? » ; et tout au bout de cette question, le quoi se transforme en qui. Et là encore, si la présence subjective est palpable, si elle sature les très belles photographies de Marc Blanchet, cette présence n’est jamais incarnée dans un fragment de songe, dans un détail, on l’éprouve, mais ce n’est pas le mythe du moi, la petite légende de notre intériorité que l’on devine, c’est une simple émanation du sujet, cette atmosphère qui, à travers la médiation technique, se dépose partout et signale qu’il y a quelqu’un.
La nuit, il y a quelqu’un. Il y a mon ombre, les ténèbres de mon esprit, mes incertitudes, mes désirs, et tout cela miroite. On photographie toujours ce miroitement. Peut-être Marc Blanchet tente ici de ne photographier que lui. Rien d’autre. Seulement la nuit et sa présence. Il s’y confond. Il s’affole aussi peut-être, il marche vite, il roule des heures, il tente de se détacher de la nuit, de la tenir en joug. Mais rien n’y fait. Elle échappe."
[…]
Extrait de : Marc Blanchet, La Nuit. Huit photographies précédées d’un texte d’Eric Vuillard, Immanences éditions, col. Portfolios, Soissons, 2017.
L'intégralité du texte est à retrouver dans l'expo Noir & Blanc au Grand Palais.
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