Le cubisme, un espace polyfocal pour Picasso
Pablo Picasso et Georges Braque s’engagent dans une tentative inédite : peindre non pas ce que l’on voit mais ce que l’on conçoit. Cet art pour l’esprit s’inspire d’abord de la peinture volumétrique de Paul Cézanne, avant de s’orienter vers une analyse multifocale des êtres et des choses, au point de frôler l’abstraction.
Picasso, après ses périodes fauve, bleue et rose, choisit de travailler avec des couleurs terreuses, principalement ocres, signifiant ainsi son désir de représenter l’espace mental et non pas sensible. Des mots sont inscrits, souvent au pochoir, dans les tableaux, qui renvoient plus aux concepts des choses qu’aux choses elles-mêmes.
Dans sa dernière phase, le cubisme réintroduit les papiers collés et les objets réels, sans pour autant chercher à imiter la réalité. L’utilisation de fragments de journaux est pour une part graphique, grâce à ses colonnes de texte structurantes, et en même temps intellectuelle, par l’évocation de cette activité intérieure qu’est la lecture. Le cubisme de Picasso entraîne l’art du XXe siècle tout à la fois vers l’art et la peinture les plus conceptuels et vers la pratique de l’assemblage.