Parcours Carambolages

17 mai 2016
Découvre une sélection d'œuvres de l'exposition Carambolages


Dans CARAMBOLAGES, les œuvres sont toutes liées les unes aux autres et s'associent par affinités.

Découvre la signification des œuvres sélectionnées pour le
jeu "Effet Dominos"  

Tu peux aussi lancer le jeu en cliquant sur cette image:





 

De sacrés pieds ! 

1. Bouddapada

Ce qui ressemble à une empreinte de patte d’ours n’a pourtant rien d’animal : cette œuvre du XIXe siècle provient de Birmanie. Elle représente en réalité l’empreinte du pied de Buddha (prononcer "Bouddha"). Étrange pourrais-tu penser ! Et pourtant, la signification de cette œuvre est forte. Parce qu’elle représente la trace laissée par Buddha lorsqu’il vivait auprès des hommes. Mais surtout, elle invite les fidèles à suivre les pas de Buddha dans leur quête spirituelle. 

Le motif  en forme de roue que tu aperçois au niveau du talon représente une roue de la Loi (dharmacakra). Elle symbolise la loi bouddhiste, l’enseignement du Buddha.

Bouddapada, Birmanie, 1860. Paris, galerie Christophe Hioco

2. Pied reliquaire de saint Adalhard

Pied reliquaire de saint Adalhard, Italie, XIVe siècle, Paris, musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny. Photo © Rmn-Grand Palais (musée de Cluny - musée national du Moyen Âge) / Franck Raux

Ce pied est très particulier, car il renferme une relique.

Mais une relique… qu’est-ce que c’est ? Tu as peut-être déjà entendu ce mot, sans comprendre ce qu’il signifie. Une relique est un reste d’une personne sainte, sacrée, ou d’un objet qui lui a appartenu. Elle est placée précieusement dans un reliquaire.


Tu as ici un pied reliquaire de cuivre, datant du XIVe siècle. Il abrite les restes du pied du cousin de Charlemagne, l’abbé saint Adalhard, mort en 826. Il est plus petit que nature mais reste très réaliste.

Fabriqué en Italie, on peut lire une inscription en italien qui orne le haut de la cheville. Elle dit: «Ici à l’intérieur se trouve le pied de saint Adalhard, abbé». Ce reliquaire est précieux car il allie la qualité artistique de l’ouvrage à la dimension sacrée de son contenu. C’est une œuvre d’
art sacré.

3. Mocassins en peau d'ours

Mocassins en peau d’ours, Moyen Mississippi (?), États-Unis, XVIIIe siècle, Paris, musée du quai Branly Photo © RMN-Grand Palais (musée du quai Branly)

Les chaussures d’amérindiens (indiens d’Amérique) que tu vois ici, sont des mocassins en forme de pattes d’ours. Ils sont constitués de la peau de l’animal et de ses griffes.

Les amérindiens ont donné une apparence animale à un objet du quotidien, sans doute une manière pour eux de s’approprier la force de l’animal. Leurs croyances donnaient à l'âme des animaux autant d'importance qu'à l'âme humaine (animisme).

Ces mocassins ont été exposés, pour la première fois au XVIIIe siècle, dans un cabinet de curiosité. Ils sont les "ancêtres" des musées que tu connais aujourd’hui. Ils rassemblent toutes sortes d'objets exotiques, curieux !

Ces collections montrent l’intérêt de plus en plus croissant des hommes pour l’histoire naturelle et la science.

 

Napoléon sous toutes ses formes !

1. Retable «Napoléon»

Retable «Napoléon», XIXe siècle, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau Photo © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot
Retable «Napoléon», détail, XIXe siècle, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau Photo © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Gérard Blot

Ce petit objet en ivoire représente l’empereur Napoléon Bonaparte. Son corps s'ouvre en triptyque (en trois parties). La scène représente l'Empereur à cheval qui montre à ses soldats le lever du soleil sur Austerlitz.

La bataille d'Austerlitz est célèbre. Elle a lieu en 1805, un an après le couronnement de Napoléon. Elle oppose les forces françaises aux armées autrichienne et russe. 

Napoléon gagne la bataille et devient un héros de guerre. C’est pourquoi de nombreux objets, comme ce retable sont produits à la gloire du premier empereur des français. 

Cette pièce montre bien que la figure de Napoléon est associée au sacré et au religieux.

2. Les Huit Époques de Napoléon Ier

Charles de Steuben, Les Huit Époques de Napoléon I er, vers 1826, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau Photo © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / André Marti

Réalisé en 1826, quatre ans après les derniers instants de Napoléon (1769-1821) sur l’île Sainte-Hélène, ce tableau de Charles de Steuben évoque la célébrité passée de l'empereur des français (de 1804 à 1814).

Comment ?

La mort de ce grand homme avait provoqué une vive émotion parmi le peuple français et certains artistes lui rendirent hommage.

Ici, le peintre Charles de Steuben illustre bien cette renommée avec le fameux "Petit chapeau" en peau de castor que portait l’Empereur et qui le rendait tout de suite identifiable.

Les huit couvre-chefs sont positionnés différemment en trois registres  comme pour raconter une histoire.

Le peintre a retenu pour chaque bicorne une grande période de la vie du grand homme: 

  1. Vendémiaire
  2. Consulat
  3. Empire
  4. Austerlitz
  5. Wagram
  6. Moscou
  7. Waterloo
  8. Saint-Héléne

3. Statuette séditieuse de Louis XVIII

Statuette séditieuse de Louis XVIII, entre 1814 et 1825, Rueil-Malmaison, musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau Photo © RMN-Grand Palais (musée des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau) / Franck Raux

Cette statuette en bronze est une représentation négative de Louis XVIII (1755-1824) roi de France de 1814 à1825. Peu apprécié par le peuple, de nombreux objets caricaturent le personnage. On lui reproche notamment son embonpoint. C’est pourquoi cette statuette est exagérément grossie.

Chose étrange, elle s’ouvre au niveau de la ceinture, découvrant un buste de Napoléon Ier en bronze doré.

Cette statuette séditieuse (de révolte) représente un Napoléon triomphant, aimé par son peuple, et un Louis XVIII moqué et méprisé.

Ce qui intéressant ici, c’est le contraste entre les deux figures rassemblées dans une statuette à double niveau, l'une cachée dans l'autre.

 

Soupe à la grimace !

Figure-toi que les grimaces ne sont pas qu'un jeu d'enfants. Elles intéressent aussi les artistes ! 

1. Tête de caractère – L’Homme de mauvaise humeur

Tête de caractère – L’Homme de mauvaise humeur Franz Xaver Messerschmidt, Tête de caractère – L’Homme de mauvaise humeur, 1750-1800, Paris, musée du Louvre, département des Sculptures Photo © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Pierre Philibert

Xaver Messerschmidt (1736-1783) est un sculpteur germanique qui s'intéressa  particulièrement aux grimaces à partir de 1771.

Il réalise des têtes grotesques dites «têtes de caractères» comme celle-ci, en se prenant comme modèle.

Comment faisait-il? 

Il se pinçait et faisait des grimaces devant un miroir et explorait les différentes expressions. D'après lui, il y avait 64 types de grimaces différentes. Il les reproduisit toutes en marbre ou en métal (alliage de zinc et de plomb).

Pourquoi ces grimaces?

À son époque des études étaient conduites sur le rapport entre le caractère d'une personne et les traits de son visage (la physiognomie) ou les aspérités du crâne et les différents activités cérébrales (la phrénologie).

Ce travail autour de la recherche expressive, est aussi une nouvelle manière de représenter le visage humain : très expressifs et ultra réalistes, ces têtes de caractères tranchent avec une vision idéaliste du visage que l’on avait jusqu’à présent.

2. Masque cimier
Masque cimier Masque cimier, Ejagham, État de Cross River, Nigeria XIXe siècle, Paris, musée du quai Branly Photo © RMN-Grand Palais (musée du quai Branly)

Un masque cimier est un ornement de casque militaire, destiné à déstabiliser l’adversaire.

Ce masque, tête-trophée d'un ennemi vaincu, est fabriqué par les peuplades du sud-est du Nigéria (Afrique). Il s’agit d’un véritable crâne humain, recouvert d’une peau d’antilope. La fonction est justement d’effrayer et de prouver la férocité du guerrier qui le porte.

Les danseurs Ejagham portent ces masques à l’occasion de cérémonies de funérailles ou de célébration de victoire. À l'origine, ces masques proviennent d’un rite ancestral barbare: la chasse aux têtes, pratiquée par les sociétés guerrières.

3. Diptyque satirique

Diptyque satirique Anonyme flamand, Diptyque satirique, 1520-1530, université de Liège – Collections artistiques (galerie Wittert) «Et plus nous voudrons te mettre en garde, plus tu auras envie de sauter par la fenêtre»

Cette œuvre malicieuse, réalisée par un artiste flamand du XVIe siècle, fait partie d'un

diptyque. La figure grimaçante représentée en fait un objet original et étonnant pour l’époque. 


Cette première grimace annonce une suite d’images encore plus farceuses. L’œuvre a pour fonction d’amuser et de choquer. Trois inscriptions préviennent d’ailleurs le petit curieux:

"Laisse ce panneau fermé, sinon tu seras fâché contre moi";

"Ce ne sera pas de ma faute car je t'avais prévenu";

"Plus nous voudrons te mettre en garde, plus tu auras envie de sauter par la fenêtre".

Cette mise en garde provoque en réalité le désir d’ouvrir l’œuvre. À l’intérieur, on découvre des images coquines mettant en scènes les plaisirs des classes populaires, considérées comme vulgaires, et destinées à amuser les bourgeois et aristocrates.

 

Entre quat'z yeux !

On dit parfois des yeux qu’ils sont le miroir de l’âme.

1.Un œil qui regarde

École française, "Un œil qui regarde", XVIIIe siècle, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques Photo © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais

Ci-dessus, l'œil peint sur une tabatière est entouré de feuilles de laurier, symbole de victoire, gloire miltaire ou intellectuelle.  Elles représentent aussi l'immortalité.

La mode de l'œil peint débute par une histoire d'amour impossible entre Maria Fitzherbert et le prince de Galles, futur Georges IV (Royaume-Uni).

Ne pouvant s'épouser pour des raisons religieuses, ils dûrent se séparés. Elle alla se réfugier en France. Mais malgré la distance, la passion persiste.

Le prince lui envoie une lettre accompagnée de son œil peint par un artiste miniaturiste. 

Conquise, Maria revient à Londres et le couple se marie en secret. À son tour, elle offre son œil peint en pendentif à son mari. Ainsi les deux portraits d'yeux lient leur alliance remplaçant les anneaux qu'ils ne peuvent porter.



Les yeux peints deviennent alors un symbole de la présence de l’être aimé. Ils connaissent ensuite un véritable succès jusqu'en 1830, en Angleterre, en France et en Russie. Ils se répandent sur divers supports. Ils sont souvent sertis de pierres précieuses (broches, bracelets, boites), comme ici sur cette tabatière unique. 

2.Têtes d’expression comparatives

Têtes d’expression comparatives Charles Le Brun, Têtes d’expression comparatives. Yeux, XVIIe siècle, Paris, musée du Louvre, département des Arts graphiques Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michèle

Charles Lebrun (1619-1690), était  premier peintre de Louis XIV, directeur de la manufacture royale des Gobelins et l’un des membres fondateurs de l’Académie royale de peinture et de sculpture créée en 1648.

Il a  mené des travaux fondateurs sur la physiognomonie. Sur cette planche, tu peux voir cinq paires d’yeux humains, de face puis de profil. Chaque fois, une nouvelle expression, visant à reproduire la diversité des émotions humaines. Ces dessins se présentent comme des modèles de référence pour les artistes, un dictionnaire d’expressions, afin d’obtenir la plus juste représentation des humeurs. Cette planche de dessin est donc une base de travail pour la création. L’œuvre L’homme de mauvaise humeur de Messerschmidt (vue plus haut) est d’ailleurs réalisée dans la continuité de ces travaux. 

3.Sainte Lucie

Attribué à Niccolò de Simone, "Sainte Lucie", XVIIe siècle, collection particulière © Photo François Doury

Sur le tableau, tu peux voir les yeux de la sainte, en bas à droite de la composition, qui font écho à cet épisode. Toutefois, si la jeune femme peinte a ses deux yeux, c’est parce que, selon la légende, la Vierge Marie, touchée par son histoire, les lui aurait rendu.

Connais-tu l’histoire de sainte Lucie?

Lucie est une jeune femme issue d'une famille aisée du IVe siècle. Elle choisit de se convertir au christianisme malgré la persécution des chrétiens. Alors que sa mère tombe gravement malade, elle pria sainte Agathe. Celle-ci entendit ses prières et sauva sa mère.

En remerciement, Lucie et sa mère léguèrent tous leurs biens aux plus démunis, et Lucie fit le vœu de ne jamais se marier. Or Lucie était promise à un homme. Furieux d’être éconduit et de ne pouvoir accéder à sa fortune, ce dernier la dénonce et Lucie subit les persécutions. Torturée pour sa conversion, l’histoire raconte que ses yeux lui aurait été arrachés. 

 

Crânes magiques

1.Coffret-reliquaire

Coffret-reliquaire, canton d’Argovie, Suisse, seconde moitié du xviie siècle, Marseille, musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée Photo © MuCEM, Dist. RMN-Grand Palais / Yves Inchierman

Ce reliquaire est des plus somptueux! L’artisan a créer un objet de culte richement orné pour glorifier la puissance divine et obtenir sa protection. Un reliquaire permet au croyant de prier un saint qui se fait l’intermédiaire auprès de Dieu.

Celui que tu vois ici renferme les ossements de saint Félix et de saint Émilien. Ils sont attachés dans cet écrin en forme de trapèze par des petites attaches, qui ont été recouvertes de pierres précieuses, de perles et de fil d’or.

Le luxe n’a aucune limite ici : le commanditaire de cet objet voulait sans doute représenter l’éclat de la lumière divine, sa puissance et évoquer ainsi le  Dieu Tout-Puissant. 

2.demi-crâne décoré 

Demi-crâne décoré, Bornéo, s. d., Paris, collection Liliane et Michel Durand-Dessert © Photo François Doury

Ce demi-crâne est dayak, c’est-à-dire qu’il provient des îles indonésiennes ou malaisiennes.

Une valeur politique et religieuse:

ces objets étaient largement répandus chez les guerriers dayaks. C'était leurs trophées de guerre. Ils les collectionnaient pour montrer leur puissance. Plus ils en avaient, plus leur famille était honnorée.

Mais les têtes coupées dont proviennent ces crânes gravés avait aussi un usage religieux : le sang des victimes servaient à fertiliser le sol et les femmes.

Pourquoi un demi-crâne?

La victime pouvait être capturée par deux guerriers. Ils devaient alors partager équitablement le crâne.

Quant aux dessins gravés, ils ont une signification bien plus mystérieuse. On suppose que tous ces tourbillons pourraient représenter la complexité de l’esprit humain 

3-Crâne décoré 

Crâne décoré, île de Nouvelle-Géorgie, îles Salomon, Océanie, vers 1900, Paris, collection Liliane et Michel Durand-Desser © Photo François Doury

Retrouvé dans les îles Salomon au début du XIXe siècle, ce  type de crâne richement décoré, avait énormément de valeur. Ils appartenaient aux chefs de clans et servaient à symboliser leur puissance.

La tête à qui?

Il s'agissait des crânes des ancêtres que le chef de clan et les guerriers divinisaient afin de s’en approprier les pouvoirs surnaturels.

Et la déco?

Quant aux coquillages qui servent de décor, figure-toi qu’ils rajoutent encore plus de valeur au crâne ! À l’époque, les coquillages servaient de monnaie. Plus le crâne en est décoré, plus le chef de clan devait être influent !

 

Des mains et des pieds !

1. Bras reliquaire de saint Luc de Toulouse

Bras reliquaire de saint Luc de Toulouse, vers 1336-1338, argent doré, cristal de roche, émaux champlevés sur argent, H. 48 cm, Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art, ancienne collection Spitzer, Astor, acquisition 1983, inv. OA10944 Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Cette délicatesse fait la force de l’artiste, et donne au reliquaire toute sa puissance évocatrice.

Réalisé à la fin du Moyen Âge, ce reliquaire fait honneur à saint Luc. Ses ossements se voient au travers du cristal de roche utilisé comme écrin.

L’artisan a décoré avec finesse l'objet : regarde les motifs en émail réalisés avec minutie tout le long des dorures.

détail des émaux du "Bras reliquaire de saint Luc de Toulouse", vers 1336-1338, Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

Mais ce qui est frappant, c’est surtout le réalisme avec lequel ont été créées la main et la plume qu’elle tient. On pourrait la croire en plein mouvement, et s’attendre à la voir bouger d’un moment à l’autre.

Bras reliquaire de saint Luc de Toulouse, vers 1336-1338, argent doré, cristal de roche, émaux champlevés sur argent,détail, Paris, musée du Louvre, département des Objets d’art, ancienne collection Spitzer, Astor, acquisition 1983, inv. OA10944 Photo © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi

2. Amulettes 

Amulette, vers 1000 av. J.-C., Paris, musée du Louvre, département des Antiquités égyptiennes Photo © Musée du Louvre, Dist. RMN-Grand Palais / Christian Decamps

Connais-tu tous les secrets des égyptiens pour embaumer leurs morts?

Tu serais surpris d’apprendre que les égyptiens du temps des pharaons utilisaient des amulettes magiques, comme cet objet, qu’ils appelaient «djebeaui». Celle-ci représente deux doigts : un index et un majeur,

Quel était son usage?

Elle était utilisée comme talisman, c'est-à-dire comme objet aux pouvoirs protecteurs. L’embaumeur la plaçait entre les bandelettes de la momie, à l'endroit de l’incision faite sur le corps du défunt pour lui enlever les viscères. En la positionnant ainsi, l’amulette refermait symboliquement la plaie. Le corps paraissait ainsi intact et prêt pour son voyage vers le royaume des morts. 

3. Le Roi gNya' -khri btsan-po

Cette peinture sur toile provient du Tibet (Asie). Il s'agit d'un Tangka, ce qui signifie « rouleau qui se déplie ».

Le personnage représenté au centre est le roi gNya’-khri btsan-po. Il est le tout premier roi du Tibet, en l’an 127 av. J.-C. et son couronnement marque le début du calendrier tibétain, bien différent du nôtre !

Mais ce qui frappe ici, c’est surtout les grandes empruntes de mains et de pieds qui l'entourent. 

Quelle est leur signification ? 

Figure-toi que dans la culture tibétaine, les empruntes font l’objet d’un culte : elles sont le signe du passage d’une grande personnalité auprès des hommes. Ainsi, il n’est pas rare de voir une peinture de personnalité politique ou religieuse entourée de ces empruntes. Cela fait aussi allusion au physique étonnant qu’avait ce roi. Selon la légende, il avait les mains palmées, et des paupières qui se fermaient par le bas. Autant de signes divins pour les tibétains. 

 

Drôles d'oiseaux

1. La Chasse à la chouette

École française La Chasse à la chouette, XVIIe siècle, huile sur toile, H. 133; L. 102 cm, collection particulière

Que signifie cette scène ?

Figure-toi qu’il s’agit d’une mise en garde moralisatrice : Mieux vaut savoir se méfier des séductrices afin d’éviter les peines de cœur! L’œuvre prend aussi son sens dans la langue italienne : le mot civetta veut dire à la fois «chouette» et «courtisane», d’où l'association des   figures humaines aux oiseaux.

Seul le personnage en bas à droite de la toile semble ne pas s’être fait avoir : il fait comme un clin d’œil aux spectateurs, et nous invite ainsi à être aussi malin que lui.

École française La Chasse à la chouette, XVIIe siècle, huile sur toile, H. 133; L. 102 cm, collection particulière, détail

Voilà un bien singulier tableau !

Une splendide jeune femme, en haut d’un perchoir, attire à elle une dizaine d'oiseaux à tête d'homme et aux plumes les plus chatoyantes les unes que les autres.

Attirés par ses charmes, ces prétent-dents s’approchent, sans se douter qu’on leur tend un piège. La belle est en fait l’appât du satyre qui se cache à gauche de la toile. Les branches sur lesquelles ils se posent, sont recouvertes de colle.

2. Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, en paon 

École française, Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, en paon, XVIIIe siècle, Versailles, musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Ce portrait satyrique du XVIIIe siècle est sans doute l’un des plus bizarres de son temps. Il est unique

Le duc de Biron, un puissant aristocrate de l’époque, était connu de la cour pour son fort caractère et son orgueil tout aussi développé. Le peintre a cherché à caricaturer le duc pour le ridiculiser. Il illustre l’expression bien connue « se pavaner comme un paon ». Elle évoque les paons qui font la roue fièrement afin d’exposer leurs atouts. On dit alors qu’ils font leur superbe. 

On ne sait pas qui est le commanditaire de ce portrait mais on peut parier qu'il avait dû subir l'ego surdimensionné du duc de Biron. De plus, le tableau n’est pas sans rappeler une fable de Jean de la Fontaine, Le Geai paré des plumes du paon, alors très à la mode. Elle se moque d’un oiseau  qui parade revêtu des plumes d’un paon.

 

Sommeil de l'abandon et de l'ennui de l'attente

1-Le sommeil de saint Pierre

Giuseppe Antonio Petrini, Le Sommeil de saint Pierre, XVIIIe siècle, Paris, musée du Louvre, département des Peintures

Ce personnage endormi ne fait pas, comme tu pourrais le croire, une sieste ordinaire.

L’auteur de la toile, Giuseppe Antonio Petrinin (1677-1755), est connu pour sa peinture religieuse. Les sujets de ses portraits sont, le plus souvent, des prophètes et des saints. Ici, dans un beau jeu de lumière, il représente l'apôtre saint Pierre au repos, endormi au mont des Oliviers.

Le mont des Oliviers, situé à Jérusalem (Israël), est une colline où se déroulent  plusieurs événements évoqués dans la Bible. Dans le nouveau testament (les évangiles), il est raconté que Jésus s'y réunit avec les apôtres avant d’y être arrêté par les soldats romains pour être jugé puis crucifié.

Le tableau évoque le moment avant l'arrestation qu’on appelle « le sommeil des apôtres». Les apôtres Pierre, Jacques et Jean doivent veiller avec Jésus alors qu'il va mourir et qu'il a vraiment besoin de leur compassion. Mais, ils l'abandonnent à ses angoisses, leur envie de dormir est plus forte que leur amitié pour Jésus. 

2- Rocher de Lettré

Rocher de lettré, s. d., Paris, galerie Luohan

Les formes que l’on trouve dans la nature peuvent être étonnantes. Regarde ce rocher, vois-tu un chien couché, la tête posée sur le sol? Les lettrés chinois, des philosophes, s'intéressent aux formes les plus improbables qui apparaissent dans la roche. Celle-ci, appelée pierre  de Linghi, n’a jamais été retravaillée par la main de l’homme.

Ces rochers insolites servent à décorer les plus somptueux jardins ou, montés sur des socles en bois, à orner de riches intérieurs.

Mais surtout, elles sont considérées par les Lettrés chinois comme des sources d’énergie, véritables sources d’inspiration et de méditation.

Selon leur forme, ces rochers pouvaient aussi faire référence à la mythologie chinoise, puisque leur relief rappelait cinq îles montagneuses, la demeure des êtres immortels.

3-Chien couché à la chaîne 

Chien couché à la chaîne, XVIIe siècle, Paris, musée du Louvre, département des Arts Graphiques

La représentation d’animaux était très repandue au XVIIe siècle, car elle était pour les peintres le moyen de capter chaque scène du quotidien, et cette œuvre en est un bel exemple

L'artiste Jan Fyt  s’est livré à un vrai exercice de style : au lieu de faire le portrait d’un homme puissant comme à son habitude, c’est un chien qu'il représente pour cette sanguine.



Tu peux essayer de deviner les émotions qui se dégagent de cette œuvre. Tout d’abord le calme, qui se lit à travers la posture et le regard de l’animal, et aussi  l’ennui. Sans doute attend-t-il fidèlement le retour de son maître ?

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