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L’Art Brut en mission : réparer le monde

Vue de l'exposition Art Brut
Didier Plowy, GrandPalaisRmn, 2025

Et si, en marge du monde, des artistes détenaient les clés d’un autre avenir pour l’humanité ? L’exposition Art Brut au Grand Palais nous révèle des créateurs qui, loin des projecteurs, s’inventent prophètes ou messagers d’un monde à réparer.

Dans un monde saturé de catastrophes, certains ne créent pas seulement pour s’exprimer : ils œuvrent pour sauver. Dans l’exposition "Art Brut Dans l’intimité d’une collection. Donation Decharme au Centre Pompidou" au Grand Palais, une première section réunit ces créateurs que l’on dirait investis d’une mission, celle de réparer l’humanité et son environnement. Leur art n’est pas une simple production esthétique, mais une réponse mystique, un rituel personnel aux enjeux universels.

Vue de l'oeuvre de Hans Jorg Georgi
Hans-Jörg Georgi, courtesy Atelier Goldstein © Photo Didier Plowy, GrandPalaisRmn, 2025

Hans-Jörg Georgi, sans titre, 2021-2024, carton découpé et collé, 120 × 220 × 222 cm

À commencer par Hans-Jörg Georgi, qui, pendant près de trois ans, a assemblé son avion de carton découpé. Plus qu’une sculpture, cet objet-symbole évoque une arche de Noé contemporaine, prête à embarquer les survivants d’un monde en péril. L’artiste l’a pensé comme un refuge, une promesse de salut en pleine débâcle.

Vue de l'œuvre de Miguel Hernandez
Droits réservés © Photo Didier Plowy, GrandPalaisRmn, 2025

Miguel HERNÁNDEZ, sans titre, 1954, huile sur toile, 97,5 x 130 cm

Exilé en France après avoir fui l’Espagne franquiste, Miguel Hernández peint la figure de son épouse restée au pays. Autour de la femme aimée, des colombes s’élèvent dans un dialogue entre ciel et terre. Ce tableau n’est pas un adieu, mais une promesse discrète : celle d’une paix intérieure conquise, celle d’un idéal de fraternité qui, malgré l’exil et les épreuves, demeure intact.

Vue de l'œuvre de Emery Blagdon
Photo Didier Plowy, GrandPalaisRmn, 2025

Emery Blagdon, sans titre, entre 1956 et 1986, métal, ruban adhésif, papier, corde, plastique, tissu, hauteur environ 210cm, diamètre environ 155cm

Enfin, comment ne pas évoquer le fascinant mobile d’Emery Blagdon, la Healing Machine : un dispositif suspendu de fils, de métaux et d’objets hétéroclites, conçu pour guérir les corps et apaiser les âmes. Blagdon croyait à la puissance vibratoire de ses créations, destinées à absorber les douleurs du monde.

Ces artistes, ainsi que ceux représentés dans la première section de l'exposition, partagent un même élan : réparer un moi blessé qui fait écho aux maux du monde. Bien que retranchés ou invisibles, ils nous tendent la main à travers leurs créations et nous invitent à regarder autrement notre humanité.

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