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L’art en grand : les projets titanesques de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely

Oeuvre de Jean Tinguely représentant le Cyclop, en couleur
Adagp, Paris, 2025. Photo © Museum Tinguely, Basel / Foto Fredi Zumkehr, Bildpunkt AG

Jean Tinguely, Estampe rehaussée du Cyclop, avec dédicace à Seppi Imhof, 1977. Feutre, stylo à bille, pastel gras et collage sur sérigraphie couleur. 65 × 50 cm. Museum Tinguely, Bâle/un engagement culturel de Roche. Donation Josef Imhof.

De Stockholm à Montréal, de Milly-la-Forêt à la Toscane, Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely ont créé des œuvres démesurées, joyeuses et libres, portés par le soutien de Pontus Hulten. Ensemble, ils ont fait naître des projets hors normes, entre poésie et folie, où l’art s’ouvre à tous et prend la forme d’un monde à habiter ! 

Vue de la sculpture "Hon" avec du public
2025 Niki Charitable Art Foundation / Adagp, Paris

Vue de l’exposition « Hon – en katedral », Moderna Museet, Stockholm (4 juin-4 septembre 1966)

L’art à taille humaine… ou presque 

Très vite, les sculptures de Niki de Saint Phalle, déjà grandes, dépassent l’échelle du corps. Après ses Nanas monumentales, viennent les œuvres pénétrables, comme Hon – en katedral cette femme géante, joyeuse et déroutante de 28 mètres de long installée au Moderna Museet de Stockholm en 1966. Cette œuvre, soutenue par Pontus Hulten, alors directeur du musée, marque la naissance d’un trio artistique audacieux : Saint Phalle, Tinguely et Hulten. Le goût du spectaculaire, du collectif et du jeu devient leur terrain commun.

Photo du Paradis fantastique avec 4 sculptures colorées
2025 Niki Charitable Art Foundation © Adagp, Paris, 2025

Le Paradis fantastique, à Montréal, avec de gauche à droite : Le Bébémonstre et Le Char Rasputin, La Grosse Nana et La Perceuse, La Nana embrochée et La Machine

Le Paradis fantastique : un duel amoureux sur un toit 

Il y a chez Niki de Saint Phalle un désir double : celui de dépasser le cadre restreint du musée pour aller à la rencontre de tous, mais aussi se confronter à la sculpture monumentale, un domaine traditionnellement réservé aux hommes. Sa participation, avec Jean Tinguely à l’Exposition universelle de Montréal en 1967 lui en fournit l’occasion. Ils présentent Le Paradis fantastique au Pavillon français : un combat comique où les machines viriles de Jean Tinguely s’attaquent aux formes colorées de Niki de Saint Phalle, comme une joute amoureuse entre le masculin et le féminin.

Oeuvre de Jean Tinguely représentant le Cyclop, en couleur
Adagp, Paris, 2025. Photo © Museum Tinguely, Basel / Foto Fredi Zumkehr, Bildpunkt AG

Jean Tinguely, Estampe rehaussée du Cyclop, avec dédicace à Seppi Imhof, 1977. Feutre, stylo à bille, pastel gras et collage sur sérigraphie couleur. 65 × 50 cm. Museum Tinguely, Bâle/un engagement culturel de Roche. Donation Josef Imhof.

Le Cyclop : un monstre dans la forêt 

À la fin des années 1960, Jean Tinguely rêve d’un géant de fer caché dans les bois de Milly-la-Forêt. Avec Niki de Saint Phalle et l’artiste suisse Bernhard Luginbühl, il entreprend la construction du Cyclop : un "monstre" à un oeil gigantesque composé de ferrailles et de matériaux de récupération. Pendant vingt-cinq ans, Tinguely orchestre la fabrication de ce colosse d’acier. Après sa mort, Niki de Saint Phalle reprend le chantier et recouvre la face du géant de milliers de tesselles de miroir. Avec Pontus Hulten, qui devient le premier président de l’association chargée de sa pérennité, elle en assure l’achèvement. Ouvert au public en 1994, Le Cyclop se dresse encore aujourd’hui comme un manifeste de création partagée et d’imaginaire débridé.

Du rêve au mythe : le Jardin des Tarots 

À la même époque, Niki de Saint Phalle poursuit son propre projet monumental : Le Jardin des Tarots, en Toscane, Italie. Inspirée par Gaudí et le Facteur Cheval, elle commence dès 1979 la construction de ce parc de sculptures monumental réinterprétant les arcanes du tarot de Marseille. Avec l’aide de toute une équipe de collaborateurs, dont Jean Tinguely, elle façonne pendant près de vingt ans un univers foisonnant de mosaïques, de céramiques et de miroirs, où chaque carte devient une sculpture monumentale. Ouvert au public en 1998, il incarne la vision de Saint Phalle : un art accessible, joyeux et total, où l’imaginaire prend racine dans le réel. 

L’utopie à l’échelle du monde 

De Montréal à Milly-la-Forêt, Pontus Hulten fut le catalyseur des projets les plus fous du couple d’artistes. Visionnaire et audacieux, il leur offrit des espaces pour créer autrement : la Hon géante du Moderna Museet, le monstre mécanique du Crocrodrome de Zig & Puce (1977) au Centre Pompidou, ou encore la sauvegarde du Cyclop

Ces œuvres monumentales, nées de l’amour, de l’amitié et de la complicité, ouvrent un espace de jeu, de liberté et d’utopie, fidèle à l’esprit de leurs créateurs : faire de l’art une fête pour tous.

Book Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten
Sculpture Hon (femme sur le dos) en couleurs avec visiteurs au premier plan en noir et blanc
Sculpture Hon (femme sur le dos) en couleurs avec visiteurs au premier plan en noir et blanc
2025, Niki Charitable Art Foundation / ADAGP, Paris / Hans Hammarskiöld, Hans Hammarskiöld Heritage

Niki de Saint Phalle, Photo de la Hon repeinte, 1979 (détail)

Niki de Saint Phalle, Jean Tinguely, Pontus Hulten

Exhibitions

June 26, 2025 - January 4, 2026

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