Au début du XIXe siècle, la France, affai- blie par la révolte et la perte de Saint- Domingue, change de stratégie et vend la colonie française de Louisiane aux États-Unis. Les troupes quittent le territoire, abandonnant sur place leurs instruments de musique. Ces cuivres ont été ensuite repris par les esclaves pour créer les Brass Bands (fanfares). Les deux sculptures de Sammy Baloji, à la forme de sousaphone et cor d har- monie, sont inspirées de ce chapitre de l histoire coloniale. Les cuivres, scarifiés par l artiste, font écho aux pratiques ancestrales congo- laises éradiquées par la présence colo- niale. Ils sont intégrés dans des struc- tures métalliques reprenant la forme de minerais du Katanga, une province du Congo riche en ressources minières surexploitées par des entreprises inter- nationales depuis 1885. Johari - Brass Band est le symbole de la réappropria- tion par l Afrique de sa propre histoire.
Les deux sculptures exceptionnelles, présentées au Grand Palais jusqu à sa fermeture pour travaux, et qui font réfé- rence à l exposition universelle de 1900, y reviendront pour sa réouverture, afin de célébrer l exposition inaugurale du Nouveau Grand Palais. Œuvre forte et engagée, trait d union entre le Grand Palais d aujourd hui et le Grand Palais restauré, Johari - Brass Band s inscrit ain- si dans la vision artistique que la Rmn Grand Palais développe depuis 2019.
De nombreuses publications en ligne, sur les réseaux sociaux et le site grand- palais.fr, ont accompagné le projet. Une story Instagram en stop-motion, dévoilant les deux oeuvres le 20 oc- tobre, a notamment rencontré un vrai succès auprès des internautes (220 000 impressions).
AUTOUR DES OEUVRES
Des sculptures publiques : pourquoi et pour qui ? Une table ronde modérée par Chris Dercon, président de la Rmn - Grand Palais, a réuni dans l auditorium du Grand Palais, l artiste Sammy Baloji, Yves Le Fur, directeur du département du patrimoine et des collections au musée du quai Branly, Simon Njami, critique d art, spécialiste de l art africain contemporain, et Dominique Taffin, directrice de la Fondation pour la mémoire de l esclavage. Intitulée « Des sculptures publiques : pourquoi et pour qui ? » et diffusée en direct sur Youtube, la discussion portait sur les attentes d une nou- velle génération face à l Histoire, son récit et ses représentations dans l espace public.
Sammy Baolji invite Mo Laudi Sammy Baloji a par ailleurs invité l artiste et spécialiste de musique afro-électornique Mo Laudi à créer une playlist et une composition en conversation avec ses oeuvres. Le travail de Mo Laudi est, lui aussi, basé sur la recherche autour d archives sur le passé colonial. Pour ce projet commun, Mo Laudi s est plongé dans les origines des Brass- Band en exploitant les documents qui ont inspiré Johari, Brass Band et en y joignant des heures d archives sonores. Selon cette même dé- marche, la composition de 9 minutes Congo Square en ré # mineur fu- sionne instruments à vent, enregistrements, extraits de cérémonies et de processions de la Nouvelle-Orléans, du Congo et d Afrique du Sud.
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